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La tour de babel, la tour de babel ou la difficulté des hommes face à la diversité, l’adversité et la différence .

Toute personne qui s’intéresse au langage et aux langues, ne peut que se poser la question à un moment donné ou à un autre de leur origine. Y-a-t’il eu une langue originelle précédant la grande diversité des langues du monde ? Pourquoi ne parle-t’on pas tous la même langue ? Pour beaucoup, la complexité relationnelle engendrée par l’incompréhension d’un interlocuteur parlant une langue étrangère qui leur est incompréhensible, les fait s’interroger sur la pertinence d’une telle variété. Pour d’autres, sans objecter sur une telle complexité, la diversité des langues est logique car elle représente la singularité des hommes et de leurs cultures. Ainsi sans variété, pas d’identité distincte, et bien plus de problématiques d’envergure qu’un simple apprentissage auquel s’atteler.

Il y a donc toujours cette dualité entre, d’une part, une volonté de simplifier les choses pour faciliter la communication, et d’autre part, une obstination à échafauder des barrières de sécurité de son identité, et les deux ne font pas bon ménage.

Ainsi dans l’Antiquité, les différentes langues parlées (en plus du latin), auraient générées sur les érudits ce désir de rechercher et de retrouver la langue originelle, à savoir la langue d’Adam 1er homme, appelée langue adamique, et à leurs yeux, forcément parfaite avec Dieu à l’origine de sa création.

La volonté de retrouver la langue originelle est pourtant dès le départ basée sur une illusion, car nulle part, dans la Bible, il n’est écrit comment Adam parlait et si sa langue était élaborée et adéquate à la communication (étant tout seul, on est en droit de se poser la question), et quand à la diversité des langues, dès la Genèse, les langues apparaissent déjà comme différenciées. Verset 31 — « Tels furent les fils de Sem, selon leurs clans et leurs langues » (voir sources : étude Sources chrétiennes/mythes bibliques).

La recherche de la “pureté” dans la langue, qui fait également écho à celle perpétuée au cours de l’histoire du monde dans les “races”, s’impose comme critère de perfection, et est à l’origine de toutes les déviations humaines car elle ne s’inspire pas de la Nature ; ni de la nature réelle de l’homme. L’originel est toujours  exceptionnel et unique, il ne doit être qu’Un ; tout le monde doit être conforme au mythe !, parler la même langue, avoir les mêmes moeurs, la même religion, être de la même “race”, et avoir la même circonférence crânienne pour avoir droit de cité. Les guerres, les croisades religieuses, la politique, la discrimination, l’injustice… sont l’expression de cette recherche illusoire. Et pendant tout ce temps l’homme ne s’est pas rendu compte qu’il luttait contre lui-même. Ce qui prouve que les mythes sont enracinés profondément dans le subconscient et que les hommes ne cherchent pas vraiment à se poser les questions différemment, en dehors du statuquo.

Les hommes poursuivent ainsi des chimères pour légitimer leurs pensées, leurs peurs, leurs espoirs et désespoirs. Mais au lieu de s’atteler à déployer leurs trésors de créativité face à l’adversité, et trouver leur singularité et la richesse que leur a mis à disposition la vie, ou Dieu pour d’autres, ils préfèrent se consoler dans l’entretien des mythes.

Que décrit l’épisode de la tour de Babel ?

À la lumière de la bible

Peu après le Déluge, alors qu’ils parlent tous la même langue, les hommes atteignent une plaine dans le pays de Shinar et s’y installent tous. Là, ils entreprennent par eux-mêmes de bâtir une ville et une tour dont le sommet touche le ciel, pour se faire un nom. Alors Dieu brouille leur langue afin qu’ils ne se comprennent plus, et les disperse sur toute la surface de la Terre . La construction cesse. La ville est alors nommée Babel.

Le récit se trouve dans le Livre de la Genèse (Gn 11,1-9) :

Toute la terre avait une seule langue et les mêmes mots . Comme ils étaient partis de l’orient, ils trouvèrent une plaine au pays de Schinear, et ils y habitèrent. Ils se dirent l’un à l’autre : Allons ! faisons des briques, et cuisons-les au feu. Et la brique leur servit de pierre, et le bitume leur servit de ciment. Ils dirent encore : Allons ! bâtissons-nous une ville et une tour dont le sommet touche au ciel, et faisons-nous un nom, afin que nous ne soyons pas dispersés sur la face de toute la terre. L’Éternel descendit pour voir la ville et la tour que bâtissaient les fils des hommes. Et l’Éternel dit : Voici, ils forment un seul peuple et ont tous une même langue, et c’est là ce qu’ils ont entrepris ; maintenant rien ne les empêcherait de faire tout ce qu’ils auraient projeté. Allons ! descendons, et là confondons leur langage, afin qu’ils n’entendent plus la langue, les uns des autres. Et l’Éternel les dispersa loin de là sur la face de toute la terre et leur donna tous un langage différent ; et ils cessèrent de bâtir la ville. C’est pourquoi on l’appela du nom de Babel, car c’est là que l’Éternel confondit le langage de toute la terre, et c’est de là que l’Éternel les dispersa sur la face de toute la terre. »

*L’histoire de la tour de Babel (hébreu : מגדל בבל Migdal Babel, en arabe : برج بابل Burj Babil) est un épisode biblique rapporté dans la parashat Noa’h, dans le Livre de la Genèse Gn 11,1-9. Source : Wikipédia

Encore une fois, ce serait l’orgueil des hommes, voulant tout, tout de suite et de manière facile qui aurait poussé le tout puissant à intervenir et changer leur dessein.

Expression commune « Une tour de Babel »

Un endroit où règnent le bruit, la confusion où les gens ne se comprennent pas. Ou bien un lieu multiculturel où de nombreuses langues sont parlées.

Revenir à l’article : La vision occidentale d’une humanité unilingue…

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Qu’est-il arrivé à la Tour de Babel ?

La tour de Babel : ce que l’archéologie révèle du mythe

Notre imaginaire s’est nourri du récit de la genèse, qui popularisa cette construction aussi démesurée que l’orgueil des hommes qui l’édifièrent. et si cette tour ne relevait pas que du mythe .

Et si cette tour ne relevait pas que du mythe ? L’opiniâtreté des archéologues en quête ...

Au cœur de la ville de Babylone, entre le début du 6e et le début du 5e siècle av. J.-C., se dressa dans toute sa majesté l’un des monuments les plus célèbres de l’Antiquité : la tour à étages, ou ziggourat, dédiée au dieu principal de la ville, Bêl-Marduk, et acco­lée au temple où résidait sa statue de culte, l’Esagil.

La ziggourat elle-même portait un nom distinct en langue sumérienne : Etemenanki, c’est-à-dire le « temple fondement du ciel et de la terre ». Elle illustrait la force symbolique de sa situation, au milieu de la ville qui était elle-même centre de l’univers, comme un pivot reliant la terre et ses tréfonds au ciel, résidence des dieux du panthéon mésopotamien. La date de l’édification initiale de l’Etemenanki reste matière à conjectures. Il faut attendre en fait une date assez tardive, à la fin du 2e millénaire, pour en trouver une mention écrite.

On situe vers le 12e siècle av. J.-C. la mise en forme d’une liste lexicale en écriture cunéiforme, appelée Tintir (l’un des noms sumériens de Babylone), qui enregistre les éléments marquants de la topo­graphie de la ville et cite, dans sa quatrième tablette, la ziggourat en seconde position, juste après l’Esagil. Et ce n’est que dans une inscription du roi assy­rien Sennachérib (704-681) que l’on voit l’Etemenanki cité dans un contexte historique précis, celui de la destruction que le roi ordonne des monuments de Babylone en 689 av. J.-C., pour la punir de s’être rebellée contre lui.

UN MILLE-FEUILLE ARCHITECTURAL 

Selon les résultats des fouilles archéologiques alle­mandes menées au début du 20e siècle à Baby­lone, l’Etemenanki a compté trois strates successives de construction : une première structure, sur une base carrée de 65 mètres de côté, recouverte par une deuxième, établie sur un carré de 73 mètres de côté, qui fut porté à 91 mètres pour la troisième. Les spécialistes discutent encore sur l’attribution de ces différents niveaux de construction, un consensus se dégageant pour faire de la dernière structure l’œuvre des rois assyriens Assarhaddon (680-669) et Assurbanipal (668-630), achevée par les rois babyloniens Nabopolassar (626-605) et Nabuchodonosor II (604-562). C’est donc le deuxième état qui aurait été détruit en 689 av. J.-C. par Sennachérib, avant de faire l’objet d’une magnifique restauration.

La question de la hauteur et de l’organisation architecturale de la ziggourat fait encore débat, puisque rien n’a été retrouvé à Babylone de l’Etemenanki, si ce n’est sa plate-forme de fondation, établie effectivement sur une base d’à peu près 90 mètres de ­côté. Il existe deux thèses. La première s’appuie sur les données métrologiques fournies par une tablette cunéiforme, appelée « tablette de ­l’Esagil ». Rédi­gée en 229 av. J.-C., elle donne les dimensions de plusieurs bâtiments du sanctuaire de Marduk à Babylone, dont l’Etemenanki : la base de la ziggourat s’inscrit dans un carré de 90 mètres de côté et compte 6 étages, couronnés par un temple haut appelé ­šahuru.

Le premier étage est haut de 33 mètres, le ­deuxième, de 18 mètres, et chaque étage suivant s’élève à 6 mètres. Le šahuru mesure quant à lui 15 mètres de haut. La hauteur de l’ensemble s’établit donc à 90 mètres, et la tour à étages se présente comme une pyramide parfaite, s’inscrivant dans un cube aux arêtes de 90 mètres.

Au cœur de la ville de Babylone, entre le début du 6e et le début du ...

L’iconographie d’une stèle de pierre provenant vraisemblablement de Babylone conforte ces données : elle repré­sente une ziggourat de 6 étages avec un temple au sommet. La seconde thèse reprend certains éléments de la tablette de l’Esagil, mais elle prend en compte les contraintes matérielles ­qu’entraîne une construction faite, pour l’essentiel, de briques d’argile séchées au soleil, dont les différents lits sont renforcés par des nattes de roseaux et par du bitume. Seul le pare­ment extérieur de l’Etemenanki semble avoir été fait de briques cuites, certaines vernissées en bleu. Il existe, de ce fait, de réelles difficultés pour édifier, avec ce type de structure architecturale, un bâtiment aussi élevé par rapport à une base de 90 mètres de côté.

La tablette de ­l’Esagil mentionnerait donc des éléments réels et d’autres relevant d’une numération ésotérique ; la véri­table hauteur de la tour aurait été, pour des raisons de stabilité, dans une proportion de deux tiers par rapport au côté du carré de base, c’est-à-dire environ 60 mètres.

La fonction de l’Etemenanki, comme celle de toutes les ziggourats de Mésopotamie, était de fournir, par son sanctuaire sommital, un complément au temple du bas, l’Esagil, où résidait le dieu Marduk. Les indications de la tablette de l’Esagil sont, de ce point de vue, très précises : le temple du sommet comprenait une entrée et une cage d’escalier menant probablement à une terrasse, une cour centrale de 65 mètres carrés et 7 pièces qui servaient de chapelle aux divinités : celle du dieu Marduk, probablement partagée avec Zarpanitu (ou Beltiya), son épouse divine, était la plus grande, avec 48 mètres carrés.

Le dieu disposait aussi d’une chambre à coucher de 37,5 mètres carrés, pourvue d’un lit majestueux de 4,5 mètres de long sur 2 mètres de large. Son père, le dieu Ea, occupait une chapelle à laquelle était associée une autre pièce pour son vizir, le dieu Nusku. Les anciens chefs du panthéon suméro-akkadien, les dieux Anu et Enlil, auxquels Marduk avait succédé comme roi des dieux, avaient droit à une chapelle commune, tandis que le fils de Marduk, le dieu Nabu, et son épouse, la déesse Tašmetu, occupaient chacun une chapelle de 18 mètres carrés. C’est donc l’élite du panthéon mésopotamien, depuis le 3e millénaire sumérien jusqu’à l’état du 1er millénaire, qui était logée au sommet de la ziggourat et qui y recevait un culte lié aux aspects célestes de ces divinités.

Les rituels qui s’y déroulaient n’ont pas été conservés, mais devaient certainement inclure des invocations aux étoiles, dans lesquelles s’incarnaient ces dieux. Ainsi, la fonction de la ziggourat et de son temple était avant tout religieuse, et ces deux édifices constituaient un espace sacré accessible seulement aux erib biti, les prêtres consacrés du temple. Les activités astronomiques et astrologiques, auxquelles se livraient les lettrés et les savants de Babylone, ne se déroulaient donc pas au sommet de l’Etemenanki, même si le sanctuaire de Marduk patronnait leurs activités et en conservait les écrits dans sa bibliothèque.

VICTIME D'UNE LENTE DÉCHÉANCE 

Quelle que soit sa hauteur, la ziggourat de ­Babylone était sans doute le monument le plus spectaculaire de la ville, visible à des dizaines de kilomètres de distance dans la vaste plaine de Mésopotamie centrale. Elle témoignait de la présence de Marduk dans sa cité et de la protection qu’il étendait sur elle. Elle indiquait aussi l’endroit symbolique où se trouvait le centre de l’univers, selon la vision mésopotamienne du monde. Il n’est donc pas étonnant que les gens du pays de Juda, qui furent déportés en Babylonie à partir, surtout, de 587 av. J.-C., aient été impressionnés par cet édifice d’un style totalement inconnu à Jérusalem.

La Bible, qui connut à ce moment sa première véritable mise en forme, intégra donc la « tour de Babel » dans le récit de la Genèse, à la suite de l’épisode du Déluge. Elle en fit une marque de l’impossibilité pour l’humanité d’atteindre les cieux, malgré ses efforts pour bâtir un monument d’une élévation inédite. Et la situation contemporaine de Babylone, capitale cosmopolite d’un empire qui couvrait alors tout le Proche-Orient, illustrait bien la diversité des langues qui fut la conséquence de l’échec de l’entreprise.

Au-delà de ce mythe de la tour de Babel, la ziggourat de Babylone connut des vicissitudes que n’avait pas prévues Nabuchodonosor II lorsqu’il en paracheva le dernier état. La conquête de l’empire de Babylone par les Perses en 539 av. J.-C. entraîna l’abandon progressif des bâti­ments religieux. La fragilité des constructions en briques crues fit que la tour se dégrada très vite. Les révoltes de Babylone contre le roi perse Xerxès en 484 av. J.-C. accélérèrent le désintérêt pour les monuments de la métropole méso­potamienne.

Lorsqu’Alexandre le Grand pénétra dans Babylone en octobre 331, l’Esagil et l’Etemenanki étaient en triste état, et le Conquérant décida de les restaurer. Mais son absence puis sa mort en 323 av. J.-C firent que les travaux n’avancèrent que très lentement. En fait, après l’enlèvement des déblais qui s’accumulaient sur la ziggourat, la restauration prévue ne fut jamais achevée. Le monument fut peu à peu désacralisé pour deve­nir, au fil des siècles, une carrière de briques ; celles-ci servirent à bâtir les maisons des villages qui s’implantèrent à l’emplacement de Babylone, quand la ville disparut dans les premiers siècles de l’ère chrétienne ; d’autres furent utilisées pour enrichir la terre des champs avoisinants.

Au bout du processus, il ne demeura plus que l’empreinte de l’Etemenanki, un carré marécageux de 90 mètres de côté, pourtant encore bien visi­ble sur les photos satellite. 

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Cet article a initialement paru dans le magazine Histoire et Civilisations.  S'abonner au magazine

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tour de Babel signification symbolique

La tour de Babel : signification symbolique

La tour de Babel : quelle interprétation ? Quelle est la signification de la tour de Babel dans la Bible ? Quelle dimension symbolique ?

Après la colère du Déluge et l’épisode de l’arche de Noé, Dieu conclut une alliance avec les hommes ; il les invite à se répandre et à se multiplier sur la Terre. Le peuplement se fait, différentes nations sont fondées et divers langages apparaissent. C’est alors qu’intervient l’édification de la tour de Babel :

1) Toute la terre avait une seule langue et les mêmes mots. 2) Comme ils étaient partis de l’orient, ils trouvèrent une plaine au pays de Schinear, et ils y habitèrent. 3) Ils se dirent l’un à l’autre : Allons ! faisons des briques, et cuisons-les au feu. Et la brique leur servit de pierre, et le bitume leur servit de ciment. 4) Ils dirent encore : Allons ! bâtissons-nous une ville et une tour dont le sommet touche au ciel , et faisons-nous un nom , afin que nous ne soyons pas dispersés sur la face de toute la terre. 5) L’Eternel descendit pour voir la ville et la tour que bâtissaient les fils des hommes. 6) Et l’Eternel dit : Voici, ils forment un seul peuple et ont tous une même langue, et c’est là ce qu’ils ont entrepris ; maintenant rien ne les empêcherait de faire tout ce qu’ils auraient projeté. 7) Allons ! descendons, et là confondons leur langage, afin qu’ils n’entendent plus la langue, les uns des autres. 8) Et l’Eternel les dispersa loin de là sur la face de toute la terre ; et ils cessèrent de bâtir la ville. 9) C’est pourquoi on l’appela du nom de Babel, car c’est là que l’Eternel confondit le langage de toute la terre, et c’est de là que l’Eternel les dispersa sur la face de toute la terre. Livre de la Genèse, chapitre 9

Les hommes décident donc d’édifier une ville et une tour pour éviter leur dispersion sur le globe, et pour « se faire un nom ». La tour est donc sensée être le nouveau centre de l’humanité, permettant aux humains de former un seul peuple, parlant une seule langue, portant un seul nom, ce nom pouvant concurrencer le nom ineffable de Dieu.

Cette initiative ne plaît pas à Dieu, qui décide de confondre les langages et de disperser les hommes loin de la Tour. A noter que le mot Babel dérive de la racine hébraïque blbl , qui signifie « confondre » ou « bredouiller ».

Pourquoi Dieu rejette-t-il cette construction humaine ? Comment interpréter la tour de Babel dans la Bible ? Quel parallèle peut-on établir avec notre civilisation actuelle ?

Entrons dans la signification et le symbolisme de la tour de Babel.

Lire aussi notre article sur le symbolisme de la tour .

Soucieux d’éviter leur dispersion, les hommes décident de créer une ville-capitale autour d’une tour, laquelle apparaît comme le nouveau centre de l’humanité, voire le centre du monde et de l’univers. En effet, le sommet de cette tour est destiné à « toucher le ciel ».

C’est donc à une conquête du Ciel que se livrent les hommes : en s’appropriant le domaine du céleste, ils créent leur propre Loi, ils prennent la place de Dieu.

Ainsi, au lieu de s’unir autour de la loi divine, les hommes se rassemblent autour d’une construction matérielle, autour d’un axe du monde artificiel, conçu selon leurs propres règles.

Cette tentative montre l’incapacité de l’homme à reconnaître la prééminence de Dieu : la tour de Babel symbolise l’ ignorance autant que l’orgueil. Elle est l’expression même du péché :

  • les hommes renient l’alliance qu’ils avaient passée avec l’Eternel,
  • ils vénèrent un symbole artificiel,
  • ils se rendent coupables d’ hybris , mot qui traduit la démesure humaine, mais aussi la tentative de l’Homme d’usurper les qualités divines. Ce désir irrationnel de puissance, doublé d’arrogance, annonce une chute prochaine.

La tour de Babel a quelque chose de monstrueux : ses dimensions gigantesques écrasent l’humanité au lieu de la libérer. Incapable de comprendre que seul le respect de la loi divine peut mener à la liberté, au bonheur et à l’épanouissement, l’Homme crée une société de violence et de souffrance : il se soumet à lui-même.

Précisément, la construction de la tour est une souffrance, puisque fondée sur le travail comme décrit dans Genèse 9, 3. L’Homme s’enchaine à lui-même, à ses passions et à son ambition déréglée. Ceci sous-entend la présence de tyrans qui imposent leurs symboles et leur loi sur le peuple.

La nature du châtiment de Dieu

Dieu réagit en dispersant les hommes et en faisant en sorte qu’ils parlent des langues différentes, sans possibilité de se comprendre. Rappelons qu’avant la construction de la tour de Babel, les hommes parlaient différentes langues, mais étaient en mesure de se comprendre.

Dieu sème donc la confusion et la discorde . La confusion constitue la nature même du châtiment : elle renvoie à l’erreur des hommes, qui confondent les plans terrestre et céleste.

Par ailleurs, la confusion est la marque d’une société décentrée, où chacun pense avoir raison, ou chacun se prend pour un Absolu.

En dispersant les hommes, Dieu les empêche de s’allier pour le concurrencer. On peut aussi penser qu’il les protège contre eux-mêmes, contre l’avènement d’un totalitarisme et d’un despotisme mondial. Mais en ne leur donnant plus la capacité de communiquer, de se comprendre, il rend aussi possible la guerre.

Au final, les hommes obtiennent ce qu’ils voulaient éviter : leur séparation, leur fragmentation.

La localisation de la tour : de Babel à Babylone

Selon le Livre de la Genèse, la tour de Babel est édifiée dans une plaine au pays de Schinear (ou Shinar), ce qui correspond au sud de la Mésopotamie, autrement dit la Babylonie.

La tour a souvent été comparée aux ziggurat mésopotamiennes, ces édifices religieux à degrés dotés d’un temple à leur sommet, symbolisant le lien entre la Terre et le Ciel. La ziggurat de Babylone comportait 7 étages.

Dans la Bible, Babylone représente la perversion de l’Homme qui se crée un faux Dieu païen à son image. Babylone est une cité où règnent en maître les passions et les instincts de domination et de luxure.

Cité splendide, luxuriante, Babylone ne pouvait que s’effondrer et disparaître, car bâtie uniquement sur des valeurs matérialistes. Babylone est donc l’antithèse de la Jérusalem céleste et du Paradis.

Notons que les mots Babel et Babylone ont la même racine étymologique.

Parallèle avec la civilisation occidentale

La tour de Babel évoque un centre matériel autant qu’un modèle unique, standardisé, auquel les habitants du monde doivent se soumettre. Ceci n’est pas sans rappeler les caractéristiques de notre civilisation occidentale , fondée sur un système économique individualiste, le matérialisme, le travail et l’exploitation.

Marquée par la démesure, la civilisation occidentale connaît un développement hors-sol , axé sur les villes et leurs centres d’affaires triomphants. Jamais rassasié, l’Homme occidental déploie son ambition de conquête dans tous les domaines, y compris le ciel et l’espace. La spiritualité passe au second plan, Dieu est oublié : l’Homme se considère comme le seul maître de la Nature et des éléments.

L’unité du monde occidental, dont le modèle s’étend désormais sur toute la planète (en particulier à travers l’usage d’une langue unique : l’anglais), s’est faite par la conquête, la colonisation et la domination.

Les dérives de notre civilisation annoncent sa chute prochaine : le changement climatique en cours peut être vu comme un nouveau déluge.

La tour de Babel : fin de la spiritualité ?

Les systèmes sociaux hégémoniques ou impérialistes ont tendance à vouloir effacer les langues régionales et imposer une langue unique. Or la capacité à comprendre une langue à partir d’une autre, par le jeu des équivalences, renvoie à l’approche symbolique et analogique qui constituent le fondement même de la spiritualité. C’est ce que René Guénon appelle le « don des langues ».

On pourrait donc dire que la tour de Babel annonce la fin de toute spiritualité.

Les représentations de la tour de Babel

La tour de Babel a largement été représentée au fil des siècles jusqu’à nos jours.

Parmi les représentations les plus célèbres, citons :

  • les peintures de Pieter Brueghel ( La Grande tour de Babel, la Petite tour de Babel, XVIème siècle). L’artiste insiste sur le caractère instable et déséquilibré de la tour, qui a tendance à s’effondrer. La construction semble irrationnelle, absurde,
  • les peintures d’autres artistes flamands de la Renaissance : Lucas van Valckenborch (en tête de cet article), Hendrik III van Cleve, Hans Bol, Lodewijk Toeput, Jacob Grimmer, Tobias Verhaecht,
  • la représentation énigmatique de Monsù Desiderio (XVIIème siècle),
  • la gravure Turris Babel d’Athanase Kircher (XVIIème siècle),
  • la Confusion des langues de Gustave Doré (XIXème siècle),
  • les œuvres de Maurits Cornelis Escher (XXème siècle),
  • ou encore l’interprétation d’Endre Rozsda (XXème siècle).

La tour de Babel est souvent représentée sous la forme d’une spirale à étages, traduisant un désir d’élévation mais aussi une tendance au déséquilibre.

La tour de Babel et son symbolisme : conclusion

En construisant la tour de Babel, l’Homme pense pouvoir s’affranchir de Dieu. De même, il croit pouvoir échapper au châtiment divin en construisant une tour assez haute pour ne pas être menacée par les eaux d’un nouveau déluge.

Pourtant, du fait de ses dimensions monstrueuses, la tour de Babel contient en elle-même le déséquilibre , donc la chute et l’effondrement.

Symbole des pires illusions, la tour de Babel annonce une société de contrôle, sans âme, sans amour et sans avenir, où l’Homme se trouve écrasé par un monstre de technicité qu’il a lui-même créé. En tant que faux centre, la tour cache une confusion spirituelle qui se traduira bientôt par la violence, la souffrance et la discorde permanente.

L’union ne pourra être restaurée que par le Christ : c’est le miracle des langues à la Pentecôte ( Actes 2, 5-12 : le Saint-Esprit descend sur les apôtres, lesquels se mettent à parler toutes les langues) ou encore l’assemblée des nations au Ciel ( Apocalypse 7, 9-10 ).

Lire aussi notre article : La parole perdue : comment la retrouver ?

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Pour aller plus loin :

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Modif. le 5 mai 2024

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Le Livre des Origines : La Tour de Babel Genèse 11,1-32

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Le mythe de la tour de Babel

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La tour de Babel est l’un des monuments mythiques les plus connus. D’où provient ce mythe ?

Dans la Bible

« Tout le monde se servait d’une même langue et des mêmes mots. Comme les hommes se déplaçaient à l’Orient, ils trouvèrent une plaine au pays de Shinéar (Babylonie) et ils s’y établirent. Ils se dirent l’un à l’autre : ‘Allons ! Faisons des briques et cuisons-les au feu !’ La brique leur servit de pierre et le bitume leur servit de mortier. Ils dirent : ‘Allons ! Bâtissons-nous une ville et une tour dont le sommet pénètre les cieux ! Faisons-nous un nom et ne soyons pas dispersés sur toute la terre ! » Genèse 11, 1-5.

Plusieurs éléments du récit biblique sont tirés de l’histoire de la Mésopotamie. La tour de Babel, par exemple, a probablement été inspirée par grande ziggurat de Babylone. Nabuchodonosor II l’avait fait construire en l’honneur du dieu Marduk :

« Je m’appliquai à élever l’Etemenanki, la ziggurat de Babylone, pour faire rivaliser son sommet avec le ciel. Les peuples nombreux, que Marduk m’a confiés, (...) j’offris comme hommes de corvée à Marduk, pour construire l’Etemenanki et je leur fis porter des briques (…) J’érigeai sa base sur une hauteur de 30 coudées. Un temple haut, une chapelle sainte, j’érigeai pour Marduk, mon seigneur, au dernier étage, avec art ».

La tour était perçue comme le moyen de relier le ciel, le monde divin, symbolisé par le temple sommital, avec la terre et le monde souterrain dans lequel est ancrée la base de la ziggurat. La ville de Babylone était plurilingue au moment de la construction de la tour, on y parlait l’ akkadien , écrit en cunéiforme , mais aussi l’ araméen écrit en alphabet sur parchemin. La ville elle-même abritait des populations très diverses, avec notamment des groupes de déportés provenant des villes conquises par les rois.

La légende noire de Babylone

La légende noire de Babylone, ville orgueilleuse et viciée, provient de différentes sources.

Le récit biblique est marqué par l’expérience de l’exil forcé, à Babylone, de la population de Juda par Nabuchodonosor II , après les sièges de Jérusalem de 597 et 587 av . J.-C. Les auteurs grecs et romains véhiculent aussi une image déformée de l’Orient qui était leur ennemi au temps des guerres médiques (guerres d’Athènes contre la Perse).

Au Moyen Âge, cette image noire s’est transmise et il faut attendre les premières fouilles archéologiques et le déchiffrement du cunéiforme pour que la Mésopotamie soit perçue non plus comme l’antithèse de la civilisation mais comme l’un de ses berceaux.

Dans la peinture

Avant la découverte de la tablette de l’Esagil, de très nombreuses peintures, enluminures et gravures représentent la tour de Babel en se fondant sur le récit Biblique. Rare sont les artistes qui imaginent alors une tour à base carrée.

En savoir sur Babylone

Consultez le titre consacré à  Babylone  dans la série  Patrimoine du Proche-Orient  :  archeologie.culture.gouv.fr/babylone

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La tour de Babel. Groupes et relations ethniques au Moyen-Orient et en Afrique du Nord

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Valensi Lucette. La tour de Babel. Groupes et relations ethniques au Moyen-Orient et en Afrique du Nord. In: Annales. Économies, Sociétés, Civilisations . 41ᵉ année, N. 4, 1986. pp. 817-838.

DOI : https://doi.org/10.3406/ahess.1986.283314

www.persee.fr/doc/ahess_0395-2649_1986_num_41_4_283314

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Résumé (eng)

The Tower of Babel: Ethnic Relations and Conflicts in North Africa and the Middle East. L. Valensi.

North Africa and the Middle East have long been areas of great linguistic and religions diversity. This paper explores the different ways in which the social sciences have confronted the problem of ethnicity in this region—from the invention of "natural" groups to account for dominated segments of the population, through the study of the interaction and conflict between groups.

  • Les pièges du vocabulaire, la volonté de classer [link]
  • Blanc ou noir, comment le devenir ? [link]
  • Nouvelles propositions théoriques [link]
  • Approche juridique, approche institutionnelle, inventaire des groupes [link]
  • Luttes fratricides : comment en rendre compte ? [link]

Liste des illustrations

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Texte intégral

LUCETTE VALENSI LA TOUR DE BABEL GROUPES ET RELATIONS ETHNIQUES AU MOYEN-ORIENT ET EN AFRIQUE DU NORD ternel descendit pour voir la ville et la tour avaient bâties les fils des hommes Puis ternel dit ... Allons descendons met tons la confusion dans leur langage afin ils ne comprennent plus la langue les uns des autres Ainsi ternel les dispersa de là sur toute la terre et ils cessèrent de bâtir la ville est pourquoi on lui donna le nom de Babel Genèse 115-9 Le pluralisme ethnique linguistique et religieux surgi comme un phéno mène social et politique auquel les sociétés contemporaines étaient générale ment pas préparées Loin de disparaître par un processus intégration et assimilation les particularismes résistent et refleurissent Ils font même leur apparition dans des pays qui ayant édifié leur unité nationale depuis long temps avaient pu recevoir des travailleurs et des réfugiés comme immigrants temporaires mais non pas concevoir leur installation permanente Le Moyen-Orient et Afrique du Nord ont du pluralisme une expérience millénaire Périodiquement des tableaux et inventaires nomment situent dénombrent des groupes minoritaires définis principalement par leur religion leur langue ou leur origine géographique Exercice vertigineux qui évoque ce personnage Italo Calvino monsieur Palomar donc activité principale était de regarder les choses du dehors et qui employait cerner les contours Annales ESC juillet-août 1986 no pp 817-838 817

LES SOCI PLURIELLES une vague une seule en la distinguant bien de toutes les autres Or au Moyen-Orient pour en tenir aux groupes qui identifient eux-mêmes comme des entités distinctes intérieur de ensemble politique et culturel où ils ins crivent certains tendent se concentrer davantage dans une région spécifique tels les Druzes dans le Jabal dru syrien les Coptes en Egypte ou les Kurdes au Kurdistan mais la plupart et les trois exemples signalés ne font pas exception sont dispersés au milieu autres groupes vivent séparés par des frontières politiques et entretiennent pas de relations régulières avec leurs congénères établis dans des pays différents Au surplus les relations entre groupes contigus varient selon les lieux Ainsi en Iran les Kurdes parlent des langues indo-européennes comme la majorité de la population mais il ne agit pas une langue homogène et du reste ils sont sunnites alors que la majorité des Iraniens est chiite inverse les turcophones Iran sont en majorité chiites mais non pas les Turkmènes qui sont sunnites comme les Turcs Ana- tolie En Irak et en Turquie où la population est majoritairement sunnite comme les Kurdes ceux-ci se distinguent par la langue et les activités économi ques Pour compliquer le tableau aire de dispersion des Kurdes largement coïncidé aux massacres de 1915 avec celle des Arméniens chrétiens monophysites de langue indo-européenne employés dans des activités diffé rentes de celles des Kurdes Pour finir ce que nous classons et désignons comme un groupe ethnique et religieux peut correspondre en fait une série de communautés discontinues dans espace parlant des langues différentes et privées un cadre institu tionnel commun Ainsi des juifs des pays arabes et de ce qui constitué Empire ottoman dispersés de Anatolie où des groupes parlant araméen ont subsisté au xxe siècle au Maroc où certains parlaient surtout le ber bère autres arabe autres enfin espagnol Et on encore rien dit des karaïtes qui au contraire des autres juifs ne prennent pas en compte les ensei gnements du Talmud dans leurs pratiques et leurs croyances ni des dönme de Smyrn ou Istanbul descendants des adeptes de Sabbatai Zvi convertis islam en 1666 Pour être ancienne cette expérience du pluralisme au Moyen-Orient en est pas moins au ur des mouvements et des conflits politiques que la région connus depuis le xixe siècle mouvement des nationalités dans les Balkans et en Anatolie qui accompagné la désintégration de Empire ottoman premier génocide du xxe siècle et déportation massive des Arméniens confessionna- lisme et guerre civile au Liban conflits entre Coptes et musulmans Egypte mouvements de résistance des Kurdes de Irak la Turquie etc Les périodes édification nationale et de construction tats modernes ont généralement correspondu dans la région avec des régimes orientation séculariste Les clivages ethniques ou religieux étaient alors passés sous silence ou considérés comme des séquelles des systèmes abolis condamnées comme les autres disparaître Politologues et historiens envisageaient donc le problème du pluralisme suivant deux perspectives ou bien celle de la construction natio nale autrement dit un groupe donnait naissance un mouvement de nationalité qui réussissait ou non former un tat-nation ou bien celle de intégration de assimilation des groupes minoritaires dans de nouvelles unités politiques homogènes ethnologie et anthropologie 818

VALENSI EN AFRIQUE DU NORD ET AU MOYEN-ORIENT produisaient comme habitude des monographies sur des groupes parti culiers ou sur une des caractéristiques une communauté quelconque sans aventurer dans la recherche de modèles qui rendraient compte de ensemble du tissu social Les projets théoriques les plus ambitieux se limitaient la popu lation majoritaire ou un de ses segments les plus importants laissant pour compte les éléments minoritaires en dépit de leur active participation la dynamique sociale pensons Robert Montagne ou Ernest Gellner pour le Maghreb ou Jacques Berque qui pour être sensible au chatoiement des sociétés il décrit en est pas moins aveugle telle ou telle de leurs nuances2 Carlton Coon est ma connaissance le seul anthropologue qui ait proposé un modèle global des sociétés du Moyen-Orient et de Afrique du Nord susceptible de rendre compte aussi des groupes mineurs ou inférieurs Son modèle est celui de la mosaïque dont chaque fragment correspondrait une fonction spécifique dans la division sociale du travail en même temps une unité ethnique religieuse ou linguistique3 Jolie métaphore mais modèle insuf fisant la mosaïque de Coon prétend décrire un dispositif social et une dyna mique chaque nouveau besoin provoquant insertion dans la mosaïque un nouveau groupe présentant des traits culturels spécifiques Mais le dessin du tissu social ses modifications les relations entretiennent ses diverses com posantes se révèlent beaucoup plus complexes que la métaphore de Coon ne le suggère Entre étude micro-locale et les propositions trop générales une place restait donc vacante Plongeant dans un passé plus ancien les historiens se sont intéressés au statut légal et politique un certain nombre de minorités et ont répondu sur tout une question tel groupe a-t-il bénéficié de conditions favorables ou non sous tel système politique Ils ont donc été conduits faire alterner les phases de prospérité avec les périodes adversité et saisir chaque groupe dans une relation verticale avec le pouvoir politique comme sujet et victime de ce pou voir Significativement les minorités silencieuses qui ont pas mis en question les autorités dont elles dépendaient ont pas retenu attention et jusque récemment on aurait cherché en vain une étude sérieuse sur les Assy riens en Irak ou les Coptes en Egypte comme si la légitimité scientifique ne pouvait acquérir au prix une action politique ou une mutation sociale qui mette le groupe mineur en position de parler pour son propre compte4

I. L'Afrique du Nord : érosion des différences, points aveugles de la recherche

Si on en tient provisoirement observation de Afrique du Nord il semble abord que la diversité ethnique et religieuse se soit résolue sans vio lence par une sorte érosion des différences5 Avant la période coloniale le Maghreb est en effet décrit comme beaucoup plus divers aujourdhui Une élite turque origine et de langue hanéfite de rite militaire en Algérie plus civile en Tunisie gouverne une population partie berbérophone partie arabo phone qui combine le droit malékite avec les modalités multiples du droit cou- tumier Une élite civile origine andalouse occupe les degrés élevés de échelle sociale dans les cités Il des ib adites au sud de Algérie et de la Tunisie un 819

LES SOCIETES PLURIELLES grand nombre de communautés juives du Maroc la Tunisie et des esclaves noirs et leurs descendants dans ensemble du Maghreb Les voyageurs les pre miers observateurs de la période coloniale les sociologues et les géographes plus récemment accordaient aussi pour distinguer nomades et sédentaires populations soumises et insoumises etc Le régime colonial ayant éliminé ou transformé les élites traditionnelles les barrières entre Andalous Turcs et descendants de Turcs et le reste de la popula tion citadine musulmane se sont effondrées Le régime colonial également mis un terme la dissidence tribale et réduit les formes violentes de rivalités entre tribus Le fier nomade été domestiqué esclave affranchi dès avant la colo nisation pour ce qui concerne la Tunisie La résistance occupation étran gère puis la création ou la restauration des tats nationaux ont introduit un dis cours politique unitaire et les instruments unification correspondants Enfin la distinction entre arabophones et berbérophones est considérée comme privée de fondement et avenir par les autorités politiques et tenue pour réifiée par les spécialistes de sciences sociales6 Tout se passe comme si intégration des différentes composantes de la société devait se poursuivre sans les à-coups et la violence que le Moyen-Orient connus et connaît encore On pourrait écrire de manière linéaire histoire de chaque catégorie Soit les esclaves noirs la traite est formellement abolie en Tunisie dès 1846 deux ans plus tard dans la partie de Algérie que la France soumise Au Maroc est seulement en 1922 que la vente publique des esclaves est interdite Vers 1930 la France contrôlant toutes les routes caravanières la traite interrompt de fait7 Mais peut-on se contenter de ces dates en tenir une histoire du droit et sup poser par conséquent que les descendants de ces esclaves ont simplement disparu par métissage dans le reste de la population On paraît croire en effet que escla vage une fois aboli le statut des noirs ne devait plus présenter de problème Musulmans ils devaient bénéficier du discours egalitaire selon lequel tous les croyants sont égaux devant Dieu et intégrer progressivement dans la société Peu nombreux ils ne devaient susciter ni réaction raciste ni malaise politique Modestes enfin ils se contentent une position subordonnée et ont pas besoin être remis leur place car ils tiennent spontanément est sur ce cas apparemment simple de disparition un statut et oblité ration des stigmates qui ont pu lui être associés que on voit comme les sciences sociales sont mal outillées pour sinon parfois réticentes étudier les formes de différenciation sociale qui ne découlent pas tout naturelle ment soit de données biologiques soit de différences de statut juridique soit enfin de positions dans les rapports de production économique

Les pièges du vocabulaire, la volonté de classer

Quelques jalons dans la production ethnologique et historique marqueront les difficultés rencontrées et les solutions qui ont été successivement proposées ethnologie de langue fran aise est abord laissée piéger par les taxinomies indigènes Elle cru pouvoir les transposer dans les taxinomies acceptées par les sciences sociales occidentales de époque en leur fournissant au passage un fon dement scientifique En 1934 Laoust publie la dernière partie une longue étude sur habitation chez les transhumants du Maroc central Il dis tingue dans la hiérarchie sociale des sédentaires de la région quatre catégories 820

VALENSI EN AFRIQUE DU NORD ET AU MOYEN-ORIENT définies selon trois critères appartenance une race la race traduisant en même temps une origine géographique pour au moins trois entre elles10 la fonction dans la division sociale du travail et enfin le degré de mépris ou de respect qui affecte les individus On obtient ainsi le tableau suivant étant entendu que les nomades qui ne figurent pas dans le tableau sont les maîtres du pays

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Sans que les choses soient dites clairement on donc le croisement de deux explications une fondée sur la biologie les races) autre sur histoire les Arabes nomades montés sur leurs chameaux auraient soumis les autochtones Berbères rivés au sol Ultérieurement apport esclaves du Soudan donné naissance au groupe noir inférieur et au groupe métis peine mieux placé Selon Laoust la pureté et la noblesse des premiers serait une revendication plutôt un fait il dénie donc aux plus nobles leurs lettres de noblesse mais il reste on affaire des catégories naturelles définies en dernière ana lyse par le degré de métissage En 1951 deux études portent sur le mot et la catégorie des harotin au Sahara11 Elles sont reprises par Capot-Rey dans Le Sahara fran ais 1953 Ici auteur parvient non seulement distinguer mais encore mesurer les dif férentes strates de la population il sépare les noirs un quart de la popula tion sédentaire du Sud tunisien trois quarts dans la vallée du Draa au Maroc une proportion plus faible en Algérie des Nègres soudanais Les Hartani sont des gens de couleur qui cultivent les palmeraies généralement pour le compte de propriétaires blancs En principe nous dit-il le terme applique 821

LES SOCI PLURIELLES non une race distincte mais une classe sociale celle des hommes libres de classe inférieure située entre les esclaves noirs et les hommes libres Horr En fait les Hartani forment bien un groupe ethnique part enkysté au milieu des Blancs Ils disent descendre de Nègres affranchis toutefois dès on les examine attentivement on cesse de les confrondre avec les Nègres 168 Suivent une série de traits psychologiques et autres grâce auxquels Capot-Rey leur trouve des affinités avec les Boshimen ou plutôt étant donné la taille élevée avec les Hottentots et les Bantous 170 Conclusion de cet examen qualifié attentif On pourrait faire descendre les Hartani des Négroïdes néolithiques par intermédiaire de populations que les historiens de antiquité ont désignées sous le nom thiopiens littéralement hommes la peau foncée 170 La hiérarchie serait donc différente de celle que propo sait Laoust et correspondrait au tableau suivant

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Revenons au Maroc pré-saharien en 1958 Jacques-Meunié publie une étude de lexicographie dans laquelle elle relève tous les mots neuf en berbère sept en arabe qui désignent les diverses populations de la vallée du Draa et réunissent des connotations géographiques ethniques sociales ou profession nelles î Soulignons après auteur que la majeure partie de la population est noire ou négroïde et que les maîtres sont sensiblement de la même couleur noire ou foncée que les travailleurs libres ou esclaves 150) Le lexique conduit Jacques-Meunié présenter la hiérarchie sociale de la population étudiée or voici il agit une hiérarchie des castes ce qui indiquerait une étanchéité complète entre les groupes Dans ce système les Juifs sont classés comme hors caste sans autre explication Comme les deux auteurs précédents Jacques-Meunié est attirée par interprétation chronologique-historique qui expliquerait par autochtonie la position dominée des noirs et des juifs vaincus par la caste supérieure ensemble des données et de la lecture qui en est proposée peut figurer sur le tableau suivant

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VALENSI EN AFRIQUE DU NORD ET AU MOYEN-ORIENT Comme on le voit cette classification ne coïncide pas avec celle de Laoust les Berbères étant promus au rang supérieur On découvre surtout le caractère contextuel du vocabulaire le mot qui désignait les Arabes chez Laoust harrar libre se retrouve ici amazirh en berbère orr en arabe pour dési gner un Arabe ou un Berbère blanc Mais auteur ajoute que si Arabes et Ber bères blancs se refusent employer le mot pour désigner un noir même quand celui-ci est un notable inverse un notable noir utilisera pour se différen cier un noir de condition inférieure De même le mot correspondant chez Laoust la catégorie suivante qebbala se retrouve ici en arabe comme en ber bère qebli/aqebli avec la même etymologie homme du Sud Mais le nom est ici qualifié par un adjectif qui précise la couleur et le statut de individu blanc-libre/noir-travailleur Enfin la hiérarchie proposée comme les usages des différents vocables indiquent clairement que la notion de caste dans son sens classique13 est pas appropriée dans le cas étudié Fluidité dans usage des mots fluidité des catégories sociales tout laisse entrevoir que identification de castes réifie organisation et la vie sociales Deux remarques sont faites au passage par Laoust et Jacques- Meunié le premier nous dit que les baratin restent attachés une famille en qualité de serviteurs ou esclaves la seconde que homme qui travaille est un khommas étymologiquement tenancier au quint noir qui pas exis tence politique et pas ancêtres Retenons ces deux indications car anthropo logie plus récente leur accordé une plus grande attention Quoique de langue anglaise Briggs peut être rattaché au même cou rant de recherche que les auteurs précédents encore il introduise les catégo ries de la société médiévale occidentale pour décrire les tribus sahariennes14 Il distingue en effet des seigneurs nomades) des vassaux sédentaires) des serfs en qui on retrouve les haratiri et enfin les esclaves Selon la définition fournie par le glossaire 274) le mot har at désigne les serfs tenanciers négroïdes du Sahara Employé Ouest le terme chouchan pour synonyme Est Comme les auteurs précédents Briggs donne un fondement racial et historique identité des baratin présentant des traits négroïdes ils ont aussi une cou leur sombre les cheveux crépus et appartiennent même selon Briggs un groupe sanguin distinct des autres populations sahariennes et même souda naises et plus proches de celui des Pygmées et de la population de la forêt equa toriale du Congo 67 De nouveau voilà une population archaïque dominée par de puissants envahisseurs Briggs poursuit cependant que localement le mot harotin connote moins la race que la classe les haratin ne sont pas pro priétaires mais tenanciers pour des propriétaires blancs nomades On apprend aussi que les forgerons sont supposés être négroïdes mais auteur pas pu en faire une étude anthropologique détaillée de même que les tanneurs bijoutiers et ferblantiers tout la fois redoutés et méprisés et par conséquent tenus écart des communautés 70 Deux nuances encore apporter ce tableau des couleurs Briggs relève la fréquence des croisements entre haratin et Ber bères au Sahara central 70 et il note que chez les Chaamba les enfants de concubines noires appartiennent la famille du père blanc Couronnant cette série Encyclopédie de Islam dans sa deuxième édition consacre la catégorie sociale finalement individualisée par toutes ces recherches avec une entrée hartani Texte embarrassé Colin ne peut faire des 823

LES SOCI PLURIELLES haratîn le groupe naturel on avait cru identifier mais il ne renonce aucune des interprétations proposées ici15 HART pluriel haratîn) nom donné dans Afrique du Nord-Ouest cer tains éléments de la population des oasis de la zone saharienne Au point de vue racial il semble agir du résultat un métissage peut-être très ancien entre des envahisseurs blancs et des autochtones négroïdes penser aux énigmatiques Bâfûr de Mauritanie Mais le type ethnique des Haratîn est nettement différent de celui des Nègres ceux du Sud du Maroc ont parfois même un type mongo loïde Plutôt une race distincte ils constituent surtout aux yeux des autres indigènes une sorte de caste composée hommes théoriquement libres mais une condition inférieure intermédiaires entre les ahrâr hommes libres et les abid esclaves captifs des manants Est-il besoin de dire que les références des races pures et plus ou moins nobles expliquent rien même quand un auteur comme Briggs les habille sous le vocabulaire des groupes sanguins qui lui permet de faire des indi vidus et des groupes socialement dominés des descendants un stock humain originel il apparente autres populations africaines considérées comme archaïques aurait-il eu des habitants originels une couleur quelconque époque néolithique on ne serait pas mieux placé pour comprendre les hié rarchies sociales de notre siècle Posons que tous les individus et catégories repérés dans la région résultent de brassages multiples quelle que soit leur posi tion dans la hiérarchie Mais ce que le matériel réuni indique bien cependant est existence de hiérarchies sociales marquées existence un vocabu laire indigène qui vise classer qualifier exclure mais dont les usages varient selon les positions occupées et les situations locales la récurrence régulière de association des conditions inférieures et des métiers décriés avec la pigmentation de la peau et les traits négroïdes Restons dans les mêmes régions les mêmes populations étant maintenant soumises un nouvel éclairage par la recherche plus récente généralement de langue anglaise Présentant la société de la vallée du Ziz et du Taf ilalt au sud du Maroc la fin du xixe siècle Dünn en tient aux catégories du dis cours indigène16 Le segment le plus large de la population consiste en hommes libres ahrâr qui sont des cultivateurs indépendants identifiés socialement par un quartier spécifique et une organisation lignagère Pour instant la couleur de ce groupe est pas précisée mais elle le sera implicitement par celle des sui vants Si la désignation et activité économique nous font retrouver deux des critères précédemment utilisés deux autres traits sont introduits pour certaines des catégories suivantes Les esclaves noirs quelques centaines individus la fin du xixe siècle forment une de ces catégories Viennent ensuite les juifs situés au degré inférieur de échelle sociale et comme non-musulmans outside the spectrum altogether complètement hors du spectre autre ment dit ils ne participent pas la vie politique et sociale de la communauté musulmane Comme dans le reste du Maroc nous dit Dünn ils étaient généralement marchands bijoutiers cordonniers Voici enfin les haratîn on les considère they are believed to be comme descendants esclaves noirs immigrés qui se seraient mariés avec la population berbère De peau noire pour 824

VALENSI EN AFRIQUE DU NORD ET AU MOYEN-ORIENT la plupart et présentant des traits négroïdes les haratîn étaient libres juridique ment mais presque tous travaillaient comme tenanciers pour des Arabes et des Berbères Ils avaient pas organisation lignagère alors que chez les ahrâr celle-ci servait authentifier la blancheur de leur sang et les séparer des haratîn méprisés et ils se trouvaient enfin dispersés dans oasis vivant auprès de maisons libres Toujours dans le même espace géographique Hart décrit les Ait Atta au milieu du xxe siècle Les Ait Atta manifestent entre eux le même egalitarisme que on retrouve communément dans toutes les sociétés berbères. Mais dans toute société egali taire certains sont toujours plus égaux que autres et dans celle-ci en par ticulier les haratîn littéralement comme au sens figuré sont simplement beyond the pale17 Dans la vallée du Ziz et le Tafilalt les juifs étaient en dehors du spectre Ici ce sont les haratîn qui sont hors jeu Si on les méprise nous dit Hart est ils sont négroïdes non tribaux entendons ils ont pas organisation lignagère) sédentaires et agriculteurs alors que les Ait Atta sont nomades et enfin sans expérience dans usage des armes Descriptions précieuses elles se tiennent toutes deux au plus près des classi fications et du lexique indigènes et interdisent de les traduire dans des catégo ries correspondant des groupes sociaux séparés de manière rigide Elles indi quent enfin et surtout enjeu de ces exercices de style nommer est exclure certains de action sociale et politique est assigner et assigner aux autres une place dans le rapport de force local Le discours indigène est pas des criptif mais politique Fournir des indicateurs identité pour soi et les autres traits physiques origine géographique généalogie activités etc est aussi dire qui accès la scène politique quelles alliances on peut conclure qui ne compte pas dans le jeu Dégagés du piège de la réification libérés de la chose haratîn nous découvrons alors une population insoup onnée qui pour être pas désignée par les mêmes vocables présente indiscutables parentés avec les groupes infé rieurs habitant les bordures sahariennes Tout près des Ait Atta Ernest Gellner évoquant les Ait Asha leur organisation et leurs discours égalitaires signale en passant que dans leur capitale où les membres du groupe ne sont pas autorisés se fixer durablement on tolère cependant la présence sédentaire environ une demi-douzaine artisans négroïdes18 Dans une autre étude Gellner relève que les métiers spécialisés sont rares chez les Berbères et ajoute que les forgerons et les cordonniers sont pris chez ceux qui sont extérieurs people who are outsiders par la pigmentation ou par la religion les haratîn et les juifs19 Beaucoup plus au nord enfin dans le Rif où esclavage des noirs était exceptionnel les Rifains exhibent encore une fois une organisation et un discours égalitaires Ils en distinguent pas moins selon Carlton Coon qui les étudie dans les années 1920 plusieurs classes entre lesquelles le mariage est interdit Il une classe inférieure définie considérée non seulement comme immigrante mais 825

LES SOCI PLURIELLES comme négroïde avec laquelle les mariages sont strictement interdits dans cer taines tribus dont les noms sont fournis et dans autres suivis par le déclasse ment social des Rifains qui les épousent Il agit de ceux on appelle les ima- zilen les gens sans honneur qui exercent les trois activités héréditaires de forge rons crieurs publics peseurs et mesureurs sur les marchés20 On apprendra ultérieurement que les forgerons sont aussi ceux qui abattent les animaux dont la viande est destinée être vendue par opposition au sacri fice domestique accompli par un membre de la famille Si on poursuit systématiquement la recherche dans cette direction on relève alors dans autres champs de la pratique et dans autres formes du dis cours des séries de faits convergents Dans ensemble de la société nord-africaine entre le xixe siècle et le xxe siècle autant que notre information permette en juger) les diverses acti vités économiques sont per ues selon une hiérarchie21 certaines activités étant méprisées dégradantes voire tabou Les hiérarchies varient au niveau régional ou local agriculture sédentaire située au sommet des activités dans une région pouvait être tenue pour inférieure là où le nomadisme chamelier ou le commerce citadin occupait la position la plus élevée Des variations semblables observent pour autres activités courantes Mais certaines de ces activités sont plus généralement considérées comme dangereuses suspectes et viles tant dans les milieux ruraux que dans les cités tant chez les berbérophones que chez les arabophones Les métiers impliquant notamment un contact familier avec le feu le sang la dépouille animaux abattus sont polluants et stigmatisent ceux qui les pratiquent Outre les exemples empiriques signalés plus haut autres observa tions22 autres expressions du discours populaire le plus répandu confirment le discrédit dont les noirs sont frappés insultes et malédictions collectées au Maroc par Westermarck proverbes algériens réunis par Ben Cheneb23 contes populaires de ensemble des trois pays du Maghreb répètent ad nauseam les mêmes stéréotypes concernant hommes et femmes noirs24 Comme on souvent relevé dans la littérature ethnographique le métier ou même appartenance religieuse sont souvent désignés en Afrique du Nord dans le lexique de identité ethnique ou régionale ainsi un Mzabi est la fois originaire du Mzab épicier et ibadite de sorte que le métier paraît ascriptif comme autres traits de identité héritée et transmissible Si certains métiers sont assurés de manière héréditaire par des groupes endogames repérables par leurs caractères ethniques et religieux tels les juifs et les noirs aboutit-on la constitution de castes au sens classique du terme On verra bientôt il faut encore une fois éviter les pièges de la réification

Blanc ou noir, comment le devenir ?

Ayant marqué la situation exclusion où se trouvent les groupes réputés noirs dans la société ils étudiaient Dünn Hart et Gellner emploient ensuite décrire la morphologie sociale et politique des segments majeurs de la population tribus laïques ou groupes maraboutiques éludant analyse des groupes mineurs et dominés et retombant ainsi après avoir ouvert une 826

VALENSI EN AFRIQUE DU NORD ET AU MOYEN-ORIENT nouvelle perspective dans la vision essentialiste qui faisait des noirs ou des juifs des unités primordiales ascriptives auxquelles leurs membres ne sauraient échapper Il semblerait une fois de plus sans avoir voulu ces auteurs aient été capturés par le discours egalitaire que tiennent sur leur société les individus en position de bénéficier de cette égalité Une étude récente qui prête une oreille plus fine aux usages différenciés du discours dans une oasis tunisienne et qui retrace les stratégies suivies dans la situation locale permet enfin aller au- delà25 Car enfin que disent les individus désignés comme noirs Sont-ils condamnés leur noir destin Que reste-t-il faire quand on est placé hors du spectre Le lieu un village du Nefzawah Dans cette partie orientale de Afrique du Nord les catégories sociales que les oasiens distinguent sont semblables celles que nous avons déjà rencontrées au centre et ouest ceci près que le mot et la catégorie des haratîn sont remplacés ici par shwash singulier shushân) situés entre les hommes libres ahrar et les wusfân ou abîd la fois esclaves et noirs histoire et la sociologie vernaculaires sont celles des lignages ahrar et forment un morceau classique du discours indigène avec sa rhétorique et son idéologie égalitaires Les wusfân et abîd sont les descendants esclaves dont on peut retracer origine servile Quoique esclavage ait été aboli depuis plus un siècle ils sont désignés en leur absence comme wusfân mot qui veut dire tout ensemble esclave et noir comme si leur statut servile restait collé leur peau En leur présence est par le mot shushân on les désigne et est ainsi ils se nomment eux-mêmes Autrement dit pour les descendants esclaves le seul moyen de se blanchir du stigmate de esclavage est être assimilé la catégorie des shwash en est-il alors des shwash comment se structurent leurs relations avec les ahrar Si les shwash ne sont pas considérés comme descendants esclaves ils diffèrent socialement des ahrar car ils ont pas organisation lignagère et ils en ont une leur généalogie est plus courte que celle des ahrar et elle ne détermine pas leurs choix politiques et matrimoniaux Socialement comme dans espace les shwash sont dispersés parmi les maisons libres Pour observateur extérieur ahrar et shwash ont la peau également sombre Et de fait une étude attentive des alliances démontre la fréquence des croisements et le haut degré de métissage Mais les ahrar trouvent aux shwash la peau plus sombre et autres traits négroïdes Ceux-ci répliquent ils sont aussi sombres ou plus clairs que les ahrar Les ahrar affirment aussi ils étaient autrefois les seuls propriétaires de la terre et de eau dans oasis tandis que les shwash travaillaient pour eux comme tenanciers Les archives du xixe siècle démontrent que les ahrar avaient pas le monopole de la propriété et il parmi les shwash aujourdhui des propriétaires déchus Ce discours explicite se double un discours pratique un code attitudes et habitudes qui renforcent le processus de différenciation entre shwash et ahrar Le vêtement la dissymétrie des termes adresse la division sociale du travail pour les hommes comme pour les femmes leur usage de espace domes tique et villageois les formes asymétriques échanges de biens et de services tout accuse les différences entre les uns et les autres 827

LES SOCI PLURIELLES Etre blanc ou noir ne résulte pourtant ni un statut juridique ni de héri tage génétique On peut suivre en effet les passages une catégorie autre Ainsi un individu né dans un lignage horr marie toutes ses filles dans des lignages homologues Son fils ayant pas eu enfants de sa première épouse horra il épouse une shushâna car les femmes de ce groupe ont la réputation être fertiles26 Mais il perd ses propriétés et se trouve privé du soutien de son lignage du fait une migration dans un autre village ses enfants sont classés comme shwashm autrement dit noirs dépendants travaillant pour autres familles et prennent épouse leur tour dans des familles shvashîn Ainsi en espace de deux générations un lignage horr est devenu shushân Cette déchéance le shushân la décrit comme le résultat de son expropria tion le horr comme une dégradation due au mariage avec une noire Naturelle pour les uns inégalité est per ue comme sociale pour les autres Mais toute femme noire ne produit pas des shwashîn Si en effet les enfants restent proprié taires ou ils sont mariés des femmes ahrâr si enfin ils restent inscrits dans un lignage ils demeurent ahrâr De plus au cours des dernières décennies shwashm et ahrâr ont autant que les conditions locales et extérieures le permettaient suivi des stratégies divergentes investissement dans école donc accès aux emplois propres de la bureaucratie pour les ahrâr investissement dans émigration avec possibi lité acheter des terres au retour donc accéder au rang de horr pour les autres Ainsi les shwashîn marquent abord une soumission au discours et la domination des ahrâr essayant seulement de nier leur infériorité non pas en affirmant que black is beautiful mais en récusant la couleur noire Ils tra duisent aussi leur relation de dépendance en termes sociaux quand les maîtres et patrons la décrivent en termes biologiques Ils cherchent enfin en exploitant les ressources offre économie moderne acheter un droit entrée dans la catégorie des ahrâr Shwashin ahrâr et noirs ne forment donc pas des catégo ries ascriptives mais un ensemble stratifié dans lequel la différenciation sociale est conceptualisée et légitimée par le discours sur la dichotomie blancs/noirs Et est justement parce que cette dichotomie et la frontière dressée entre les deux catégories ont rien de naturel que les ahrâr sont si anxieux de les maintenir et de les poser en termes de génétique et de pigmentation

II. Au Moyen-Orient : de l'étude des grandes communautés religieuses à celle des conflits interethniques

Nouvelles propositions théoriques.

attention au discours pratique aux stratégies déployées aux relations entre individus de condition différente permet ainsi éviter les découpages qui substantifient les groupes sociaux et de saisir comment ceux-ci se forment et se maintiennent dans une interaction constante avec les groupes voisins Appli quée Afrique du Nord cette approche rejoint les orientations suivies dans autres aires culturelles inspiration de ces études est surtout venue de Fre derik Barth Ethnie Groups and Boundaries27 qui avait le mérite de tester 828

VALENSI EN AFRIQUE DU NORD ET AU MOYEN-ORIENT ses hypothèses sur des exemples situés aussi bien en Afrique en Europe Il invitait analyser moins ce est un groupe ethnique que les zones instables les frontières mouvantes que les groupes entretiennent pour construire négo cier produire et reproduire leur identité largissant cette percée anthropologie de Afrique noire récuse identifi cation le découpage et les classifications des groupes ethniques où se sont long temps plu les sciences sociales et administration coloniale Elle réinscrit les unités ethniques dans la durée et dans des espaces plus vastes privilégiant étude des ensembles spatiaux politiques sur les parties Dans un ouvrage récent J.-L Amselle résume Ainsi les patronymes les noms de clan ou de lignage et les ethno- nymes peuvent être considérés comme une gamme éléments que les acteurs sociaux utilisent pour affronter les différentes situations politiques qui se pré sentent eux28 partir de prémisses différentes Dale Eickelman et Lawrence Rosen sou tiennent un point de vue semblable quand ils traitent de ethnicité au Moyen- Orient et en Afrique du Nord Il agit abord de replacer identité ethnique dans son contexte social et culturel Or pour ces deux auteurs aucun trait de identité sociale ne reste central dans toutes les situations Les obligations per sonnelles ne sont prescrites ni par la parenté ni par affiliation ethnique et reli gieuse ni par le métier chacune de ces composantes de identité étant mise en action en fonction des circonstances Ce qui compte ce sont les réseaux person nels affiliation que individu construit ethnicité étant que un des fac teurs qui entrent en jeu un et autre insistent sur la flexibilité des relations entre personnes et leur caractère négociable est même le titre de ouvrage récent de Rosen Bargaining for Reality The Construction of Social Rela tions in Muslim Community29 Point de vue paradoxal et la limite intenable quand il agit de groupes religieux Car appartenance religieuse ascriptive entraîne moins pour indi vidu adhésion des croyances que sa participation des pratiques sociales spécifiques habitudes alimentaires endogamie de groupe recours un calen drier particulier accès différent aux ressources économiques et politiques locales et enfin modalités particulières de interaction avec les autres groupes Comme nous avons pu illustrer par étude une communauté juive du Sud tunisien les échanges de services avec la population musulmane sont limités certains domaines les échanges de nourriture impossibles les alliances matri moniales exclues les passages un groupe autre impensables30 Tout ce que Rosen présente comme source de identité individuelle origine ances trale parenté nom métier résidence référence ethnique et religieuse tous ces indicateurs sont exclusifs dans certaines situations du Moyen-Orient et du Maghreb que on pense aux Juifs aux Arméniens ou aux Maronites par exemple Et ces remarques ne valent pas seulement pour les communautés dites traditionnelles car la tradition est aussi une construction qui fait objet un réaménagement constant en fonction un contexte culturel et politique plus large Au reste reprenant Rosen Eickelman relève que les Juifs notam ment sont exclus du jeu de la compétition politique et matrimoniale et ne 829

LES SOCI PLURIELLES peuvent donc inter-agir pleinement que dans le domaine économique Rosen de son côté admet que la compétition pour le pouvoir et le prestige qui informe les transactions entre deux musulmans ne appliquent pas la relation avec un Juif un musulman peut difficilement entrer en compétition sociale avec une personne qui est simplement pas membre du groupement dans lequel cette compétition lieu31 Reste on ne saurait trop insister sur le fait que les relations entre les groupes ont varié dans histoire et que les stratégies diverses ont été poursuivies par les différents groupes et intérieur de chacun eux exclus du terrain politique les Juifs ont évidemment pas fait investissements dans armée comme pouvait le faire une autre minorité compacte comme celle des Alaouites par exemple mais ils ont fait dans le domaine scolaire et économique pour des raisons et dans des conditions qui ont rien voir avec le sens des affaires ou le goût de étude De même la conversion au protestantisme de chrétiens du Moyen-Orient ne traduit pas ou pas seulement un mouvement religieux ou efficacité des missionnaires mais une stratégie ascension sociale

Approche juridique, approche institutionnelle, inventaire des groupes

Vue dans cette perspective une grande partie de histoire des conflits sociaux et des mouvements politiques au Moyen-Orient depuis le xixe siècle pourrait se prêter une révision fondamentale Revenons abord en arrière pour mieux percevoir les changements qui se dessinent dans étude de la polyethnicité au Moyen-Orient historiographie des groupes minoritaires est longtemps appuyée sur des principes organisateurs qui ne concordaient pas et qui ne pouvaient prendre en compte ensemble des groupes présents dans la région une définition reli gieuse fondée sur la division que le Coran opère entre musulmans et non- musulmans Trans-historique cette définition aboutissait cette formulation Arnold Toynbee selon laquelle In the Middle East church is merely the foremost aspect of nationality 32 Mais quand on avait répété satiété quel était le statut des Gens du Livre juifs et chrétiens avec les droits obligations et restrictions que ce statut implique toute histoire restait écrire Car christia nisme et judaïsme couvraient en fait des groupes variés dont la seule dénomina tion les Arméniens les Maronites les Juifs de Syrie les Juifs Irak indiquait bien que identité du groupe était aussi historique lin guistique et régionale33 cette définition religieuse se superpose pour Empire ottoman du xvie siècle au xixe siècle une définition politique autant que religieuse celle de milla plus connue sous sa forme plurielle de millet Suivant les descriptions classiques34 le mot désignait une institution originale créée par Mehemet II 1421-1481 qui aurait reconnu successivement aux Grecs orthodoxes aux Arméniens et aux Juifs une sorte autonomie interne Dans un système socio- 830

VALENSI EN AFRIQUE DU NORD ET AU MOYEN-ORIENT politique où la religion régit en effet plusieurs aspects de la vie sociale il reve nait au leadership religieux de contrôler non seulement le culte mais exercice de la justice éducation etc De plus le système des millet était présenté comme une structure hiérarchisée les responsables au centre ayant autorité sur les chefs religieux locaux et les groupes reconnus au xvie siècle exer ant leur contrôle sur les autres communautés religieuses ultérieurement intégrées Empire Que les groupes concernés expriment des aspirations politiques au xixe siècle et on glissait sans rupture de la notion de millet celle de nationa lité Les deux définitions laissaient évidemment comme inclassables les groupes relevant de islam mais dont identité était pas seulement religieuse comme les Kurdes les Druzes etc On saluera donc la publication des essais réunis et introduits par Benjamin Braude et Bernard Lewis Christians and Jews in the Ottoman Emp re35 Ils révèlent en effet que les millet sont encore un fétiche dont il faut se débarrasser Le vocable abord est un mot générique employé pour toutes sortes unités Il est plus souvent employé pour désigner les nations étrangères que les sujets intérieur de Empire il désigne des groupes musulmans tels les Kurdes plutôt que les non-musulmans Dans les archives ceux-ci apparaissent sous la notion globale de ah al-dh mma gens soumis la dhimma) sous celles de ou taifa communauté groupe) ou enfin plus spécifiquement comme Juifs Grecs ou Arméniens est seulement au xixe siècle que le mot désigne les grandes communautés religieuses est-à-dire au moment où les réformes remettaient en cause le statut de ensemble des sujets musulmans ou non Le mot existait pas dans le sens où nous avons re car institu tion existait pas Elle fut créée peut-on dire titre posthume quand on décida de réformer le fonctionnement des groupes ethniques-religieux et en fait abolir leur quasi-autonomie Car autonomie elle bien existé Les trois grandes communautés religieuses comprises dans le mythe du millet ont du reste pas été les seules en bénéficier Des minorités compactes musulmanes ont également joui une quasi-autonomie au xixe siècle les Druzes du Jabal Dru les Alaouites du Jabal Alaouite ou les Kurdes situés la frontière entre Empire ottoman et la Perse Il est faux que les trois grandes unités religieuses aient couvert ensemble des non-musulmans Les Maronites notamment ne relevaient ni du patriarche arménien ni du patriarche orthodoxe Il est également faux que autorité des chefs spirituels du centre se soit transmise de degré en degré aux simples familles Chaque communauté religieuse locale avait ses propres instances Finalement Empire ottoman pas connu de système administratif ensemble institutions homogènes ni agents spécialisés traitant des sujets non musulmans mais des arrangements locaux fluides qui ont varié dans le temps et dans espace36 Si on ajoute un troisième paramètre la langue un nouveau principe de classement apparaît Combinant religion langue et politique on est alors conduit délimiter les groupes en évaluer les effectifs et les placer sur une carte pour étudier ensuite chaque groupe discret dans ses relations avec le pou voir et dans ses tentatives réussies ou non édification nationale la fin des années 1940 Hour ni identifiait plus de quarante unités pour les seuls pays arabes et il posait déjà la question des conditions nécessaires une 831

LES SOCI PLURIELLES cohabitation pacifique entre ces groupes37 Certaines entreprises plus récentes se conforment au fond au même programme38 Restent dans ombre les échanges et les formes de communication entre les différentes communautés humus sur lequel elles ont vécu la culture commune elles ont construite et partagée continuent échapper analyse terrain difficile accès mais il faudra bien explorer un jour

Luttes fratricides : comment en rendre compte ?

Sans doute porté par actualité brûlante est sur explication des conflits entre les groupes que on interroge hui Premières réponses celles de la science politique elles nous sont proposées par Annie et Laurent Chabry dans Politique et minorités au Proche-Orient Les raisons une explosion39 Les auteurs entendent embrasser ensemble des minorités ils invitent ne pas séparer leurs conflits des aspects les plus ténus les plus subtils les moins reconnus des modes de différenciation et de hiérarchisation sociale pp 10- 11 Ils suggèrent enfin de considérer un système interaction géométrie variable dans le temps dans lequel les minorités se voient imposer diverses contraintes structurelles du fait du milieu et de leur propre héritage historique mais dans lequel également elles développent des mécanismes de défense des stratégies visant au dépassement de certaines situations toutes démarches novatrices modifiant considérable ment environnement social majoritaire ses idéologies et sa pratique poli tique Il nous paru important de toujours considérer les deux côtés majori taire et minoritaire de ce système interaction 13) Programme auquel on souscrira pleinement encore il ait plus de deux côtés au système si on veut être attentif aux relations de minorité minorité) mais il est impossible de remplir dans espace un livre est donc sur le terrain de action politique que étude se pose finalement même si elle commence par un long recours histoire sous sa forme hélas historiciste et revient plusieurs fois par la suite40 Au terme de la description elle fournit des diverses communautés une typologie se dessine des différentes directions dans lesquelles se sont orientées la cohabitation et action politique entre majorités et minorités ou entre mino rités depuis le début du siècle Retenons surtout dans la dernière phase de cette histoire la tension entre trois projets politiques les nationalismes le panarabisme et le panislamisme Les premiers se développent tour tour en Syrie en Egypte en Irak et ils restent la deuxième guerre mondiale généralement favorables des idéologies et des attitudes intégratrices des dif férentes minorités et même assimilationnistes la fin de entre-deux-guerres et au lendemain de la seconde le panarabisme visant intégration des élé ments arabes devait se développer dans une direction laïcisante atténuant les différences religieuses entre chrétiens et musulmans Mais il allait se heurter au panislamisme qui affirmait le primat de la communauté des croyants sur la nation arabe est ce dernier courant réaction contre ce que on per oit comme la culture occidentale et les effets elle exerce sur la culture 832

VALENSI EN AFRIQUE DU NORD ET AU MOYEN-ORIENT traditionnelle qui domine hui et exclut de fait sur place les minorités non musulmanes arabes ou non Dans la forme totalitaire il prend actuelle ment il interdit tout modus vivendi entre musulmans et non-musulmans Entre le séparatisme égard des tats pluri-communautaires et aspira tion unitaire les auteurs pensent que les premiers ont perdu la partie en dépit des apparences Les Arméniens auront pas été la seule minorité vaincue Le fait minoritaire reste cependant un facteur de déstabilisation des régimes en raison de la détermination des tats ne rien céder et de ampleur des moyens dont ils disposent pour manifester cette détermination en raison aussi du caractère improbable tats qui correspondraient aux minorités impa tientes et de hétérogénéité sociale et politique de ces minorités tat local apparaît donc comme le refuge des minorités que des constructions plus vastes panarabes ou panislamiques condamneraient sans merci Tel est enjeu pré sent de certains conflits Une histoire qui attache moins la chronologie longue aux forces agis sant sur le terrain apporte une interprétation plus complexe des conflits ethni ques et religieux Déjà dans les essais réunis par Braude et Lewis les contributions de Moshe oz et de Samir Khalaf41 inscrivaient les rivalités confessionnelles qui surgissent au xixe siècle en Syrie et au Liban dans le contexte des changements politiques économiques et sociaux que connaît la région Samir Khalaf montrait notamment comment une évolution inégale des différentes confessions observe dès avant occupation égyptienne du Liban 1831-1841 Les chrétiens ayant maintenu des contacts politiques culturels et commerciaux avec Europe consolident leurs avantages par rapport aux autres groupes tant pendant occupation égyptienne que pendant la période des réformes de tat ottoman Les alliances extérieures la France étant favo rable aux Maronites Angleterre aux Druzes la Russie aux Grecs orthodoxes les intérêts contradictoires des grandes puissances de tat ottoman et des grandes familles locales interdisent la formation une culture politique commune et approfondissent la confessionnalisation des conflits Suad Joseph et Barbara Piiïsbury engagent la recherche dans la même direc tion avec Muslim Christian Conflict Economie Political and Social Origins42 Les questions elles posent sont novatrices même si les essais réunis dans cet ouvrage ne pouvaient répondre pleinement Ces questions les voici en quoi la religion forme-t-elle une composante de identité ethnique Quelles rela tions identité et les structures religieuses entretiennent-elles avec les autres composantes de identité sociale avec les institutions politiques et les prati ques économiques Quelles sont les variables économiques politiques et sociales qui nourrissent les conflits actuels entre groupes confessionnels Rejoignant donc les préoccupations de chercheurs travaillant dans autres disciplines et autres aires culturelles Suad Joseph intéresse moins exis tence de chaque groupe aux relations entre les groupes saisies dans la phase de déchirements qui les caractérise hui Comme les spécialistes autres régions elle récuse la vision essentialiste âLun islam un christianisme et de leurs adeptes pour insister au contraire sur la diversité des expériences histori ques De agenda elle dresse dans la contribution qui ouvre le volume Muslim-Christian Conflicts Theoretical Perspective on ne pourra retenir que ces trois points forts auxquels on apportera quelques nuances 833

LES SOCI PLURIELLES Les processus de différenciation entre groupes religieux et la politisation de ethnicité doivent être mis en rapport avec la compétition des différents groupes pour avoir accès au prestige au pouvoir politique aux emplois aux ressources économiques etc. les acteurs sociaux utilisant le label de leur secte comme moyen accès aux biens et aux services La différenciation des groupes conduit et résulte des stratégies multiples poursuivies par les individus et leur communauté On devra donc repérer ces stratégies aux différents moments de histoire et rechercher dans quelle mesure elles ont été induites par les pouvoirs locaux comme par les puis sances occidentales pendant la période intégration de la région au système mondial Ajoutons aujourdhui accès de nouvelles ressources armement non seulement accentué la politisation de ethnicité sous la forme de mouvements et de partis mais conduit une militarisation de ethni cité dont le Liban est pas un exemple isolé Dans ce processus les puissances étrangères jouent un rôle moins direct et peut-être moins décisif que les tats et les forces présents dans la région43 Après la désintégration de Empire ottoman les solidarités tribales régionales ou communautaires ont contrarié la construction des tats natio naux Suad Joseph attribue la décentralisation et la faiblesse de tat ottoman le maintien de ces solidarités au xxe siècle Je pencherais plutôt vers une autre lecture tat ottoman était centralisé mais il bloquait accès au centre sans prétendre intégrer les populations locales Dans la division du travail politique qui duré époque du Tanzimat il pu gouverner au moindre coût en laissant intactes ces solidarités tribales ou régionales de même il laissait les groupes religieux non musulmans gérer eux-mêmes une grande partie de leur vie sociale Si la sphère publique existait pas les individus pou vaient du moins déployer leurs aspirations et leurs stratégies dans des espaces plus cloisonnés qui formaient leur manière des totalités La naissance ulté rieure des tats nationaux créé un nouveau terrain de rivalité entre groupes cherchant obtenir ou monopoliser accès aux ressources politiques Des conflits inédits entre groupes ethniques et religieux devaient surgir de cette situation et ajouter des conflits anciens parmi les plus récents la compéti tion entre Alaouites et sunnites dans la Syrie actuelle les conflits Nord-Sud au Soudan opposition chiites-sunnites au Liban etc Le cas du Liban illustre ces processus En 1975 dix-sept groupes religieux étaient officiellement reconnus44 Ce qui avait existé sous le système ottoman est-à-dire la gestion de la justice des problèmes de statut personnel de édu cation etc. dans le cadre des groupes confessionnels institutionnalise et se politise sous le mandat fran ais 1920-1943 Chaque communauté alors son propre leadership qui entretient la loyauté de ses coreligionnaires par des rela tions de patron client au sein même des partis politiques de type moderne Avec la création de la République libanaise en 1943 le Pacte national consolide le partage de espace politique le long des lignes confessionnelles et légalise organisation sectaire de la vie politique Les écarts économiques ayant aussi une définition confessionnelle ils renforcent identification des individus une secte et les alliances ou les rivalités de secte secte En raison de la faiblesse de tat et des institutions non gouvernementales les individus ont accès aux res sources et aux services par leurs réseaux personnels Ceux qui se fondent sur le 834

VALENSI EN AFRIQUE DU NORD ET AU MOYEN-ORIENT voisinage le patronage appartenance de classe ou adhésion politique sont tous absorbés par affiliation religieuse est par elle on mobilisait hier les ressources est elle hui qui mobilise les hommes45 Pour comprendre la manière dont une vague est faite il faut donc tenir compte de ces poussées en des directions opposées qui dans une certaine mesure se contrebalancent et dans une certaine mesure se cumulent et produi sent un brisement général de toutes les poussées et contrepoussées dans habi tuel débordement écume Comme monsieur Palomar on aura compris que approche objective manque la réalité elle prétend saisir en fragmentant la société en groupes dis crets définis par inventaire de leurs traits spécifiques Car les groupes se for ment dans leurs relations qui ne sont pas toujours conflictuelles avec les autres car les traits spécifiques reconnus pour chaque groupe revendiqués par ses membres élaborent se modifient aménagent en fonction des groupes voisins46 car enfin ils appartiennent les uns et les autres au même tissu social et la même culture Décrivant la société algérienne Pierre Bourdieu parlait de mécanisme kaléidoscopique II est donc pas de groupe qui échappe cette interpénétration culturelle intense qui ne se construise une personnalité originale avec les matériaux communs en sorte que sur cette tapisserie aux lignes emmêlées des motifs se détachent mais toujours ton sur ton Sans doute le principe de dissimilation vient jouer mais dans des limites bien définies déplacements accent réin terprétations partielles combinaison différente des éléments qui suffisent cependant faire surgir des totalités originales47 Construction des identités ethniques et religieuses politisation et mobilisa tion des individus suivant les clivages confessionnels il de histoire dans ces divers processus Non pas histoire mythique des origines prétendument raciales de tel groupe des fondateurs de tel autre mais histoire chaude des différencia tions sociales qui ont conduit aux configurations et aux actions aujourdhui En Afrique du Nord quand les individus appartenant aux groupes majori taires et dominants décrivaient leur société comme formée unités homolo gues chacune réunissant ensemble des traits qui fondent une identité collec tive ils désignaient aussi comme allogènes les éléments dominés les noirs les juifs quand ceux-ci vivaient dispersés en dehors des grandes villes pour jus tifier leur exclusion du jeu Au niveau local ce jeu avait pour nom le pouvoir sous ses formes matérielles et symboliques Les mutations profondes qui se sont produites depuis le xixe siècle non pas seulement en Afrique du Nord mais dans ensemble des pays Islam ont ouvert de nouveaux terrains de mobilité et de compétition sociale Les nouveaux alignements ont pas toujours brisé les solidarités et les rivalités anciennes Ententes et compromis emigration mouvements séparatistes et nationalitaires factionnalisme confessionnalisme guerres civiles toutes les combinaisons possibles se sont réalisées est tou jours de pouvoir il agit la chose au monde la plus difficile partager Lucette VALENSI 835

LES SOCI PLURIELLES

VALENSI EN AFRIQUE DU NORD ET AU MOYEN-ORIENT

NOTES Italo CALVINO Palomar Paris 1985 Lecture une vague 11 Robert MONTAGNE Les Berbères et le Makhzen dans le Sud du Maroc Essai sur la transfor mation politique des Berbères sédentaires groupe chleuh) Paris 1930 Ernest GELLNER Saints of the Atlas Londres 1969 Jacques BERQUE dont les Structures sociales du Haut-Atlas Paris 1955 achèvent sur un modèle de morphologie sociale et qui propose aussi deux tableaux ensemble des sociétés égyptienne et nord-africaine respectivement dans Egypte impérialisme et révolution Paris 1967 et Le Maghreb entre deux guerres Paris 1962 Carlton COON Caravan The Story of the Middle East 2e édition 1958 Problème que nous avons déjà abordé dans UDOVITCH et VALENSI Communautés juives en pays Islam identité et communication Djerba Annales ESC no 3-4 1980 pp 764-783 Ernest GELLNER dans introduction GELLNER et Ch MICHAUD éditeurs Arabs and Berbers From Tribe to Nation in North Africa Duckworth 1972 indique que le Maghreb diffère du Mashreq en ce il est moins pluriel moins riche en enclaves ayant le sens de leur identité GELLNER et MICHAUD op cit. et notamment ROSEN The Social and Conceptual Fra mework of Arab-Berber Relations in Central Morocco pp 155-173 spécialement 173 Robert BRUNSCHVIG Abd dans Encyclopédie de Islam 2e édition vol 1960 Je reprends ici les arguments trouvés dans la littérature sur les noirs et notamment dans ADAM Berber Migrants in Casablanca dans GELLNER et MICHAUD op cit. 327 et GELLNER dans le même ouvrage 15 Hespéris 18 1934 pp 109-196 Nous gardons ici et dans la suite du texte les transcriptions adoptées par les différents auteurs mais pour des raisons techniques nous avons dû renoncer utiliser les signes diacritiques accent circonflexe indique une voyelle longue 10 Pour le quatrième groupe les juifs la notion de race pourrait être implicite 11 LERICHE Les Haratin Bulletin de Liaison saharienne Alger oct 1951 pp 24-29 Ph MARCAIS Note sur le mot hartani eod loc. avril 1951 pp 11-15 12 Djinn JACQUES-MEUNIE Hiérarchie sociale au Maroc pré-saharien Hespéris 45 1958 pp 239-269 13 On entend par castes des groupes héréditaires distingués par trois caractères la séparation en matière de mariage et de contact direct ou indirect la division du travail et existence une hiérarchie qui ordonne les groupes DUMONT Homo hierarchicus Paris 1966 36 14 BRIGGS Tribes of the Sahara Boston 1960 15 COLIN Hartânî E.I.2. vol pp 237-238 1971 16 Ross NN Berber Imperialism The Ait Atta Expansion in Southeast Morocco dans GELLNER et MICHAUD op cit. pp 85-107 Même description dans DUNN Résistance in the Desert University of Wisconsin Press 1971 17 David HART The Tribe in Modern Morocco Two Case Studies dans GELLNER et MICHAUD op cit. pp 25-58 Du même The Aith Wariaghar of the Moroccan Rif An Ethno graphy and History Tucson University of Arizona Press 1976 et notamment Lowclass Specia lists and Social Stratification pp 279-283 18 GELLNER Saints of the Atlas 158 19 GELLNER dans GELLNER et MICHAUD op cit. 298 20 CarltonS COON Tribes of the Rif Harvard African Studies vol 1931 21 est Robert BRUNSCHVIG Métiers vils en Islam Studia Islamica 1962 41 ss que revient le mérite avoir attiré attention sur ces perceptions On ne pourra pas développer ce point qui mérite lui seul une étude La lecture sérielle des manuels de hisba montre par exemple que si la valorisation des métiers varie selon les lieux et les époques chaque situation locale corres pondant une configuration ordonnée plutôt une hiérarchie rigoureusement étagée) cer tains métiers sont plus régulièrement rejetés sur la marge des métiers licites ou approuvés

22 Elles apparaissent régulièrement dans toutes les monographies ethnographiques de ensemble du Maghreb 23 Edward WESTERMARCK Ritual and Belief Morocco Londres vols 1926 Mohammed Ben CHENEB Proverbes arabes de Algérie et du Maghreb Paris 1905-1907 vols 24 Voir Lucette VALENSI idéologie du travail dans la littérature populaire Afrique du Nord xixe-xxe siècle dans Michel CARTIER éditeur Le travail et ses représentations Paris ditions des Archives contemporaines 1984 pp 39-76 Même les auteurs qui parlent de assimi lation des descendants esclaves dans les familles où ils vivent démontrent le contraire de ce ils avancent Un exemple pris dans LE TOURNEAU Fès avant le Protectorat Casablanca 1949 Les hommes conservaient quelque temps le souvenir de leur langue et de leurs chants de là- bas qui revivaient dans les cérémonies des Gnawa mais dès la seconde génération tout était oublié ils étaient trop loin du pays natal et dominés par une civilisation par trop supérieure la leur Quant aux femmes elles assimilaient plus vite encore et ne gardaient de leur brousse origi nelle que leur couleur ébène leur gaieté native leurs glapissements qui remplissaient les patios et quelques expressions idiotiques qui faisaient rire les Fasis Outre influence du sang qui est pas négligeable les esclaves noires ont apporté Fès des croyances magiques des rites et même des expressions qui ont contribué originalité du milieu bourgeois de Fès 25 Geneviève BEDOUCHA Un noir destin travail statuts rapports de dépendance dans une oasis du Sud-tunisien dans CARTIER éditeur op cit. pp 77-122 26 Sur les qualités réversibles mais qui restent hiérarchisées attribuées chaque type dans les taxinomies locales UDOVITCH et VALENSI Juifs en terre Islam les communautés de Djerba Paris ditions des Archives contemporaines 1984 pp 29-30 27 Frederik BARTH éditeur Ethnie Groups and Boundaries The Social Organization of Culture Difference Boston 1969 28 Jean-Loup AMSELLE et Elikia BOKOLO éditeurs Au ur de ethnie Ethnies triba lisme et tat en Afrique Paris dition La Découverte 1985 Nous ne signalons que cette percée africaine mais une révision est en cours également pour Iran et Afghanistan Voir notamment les travaux de Pierre CENLIVRES et les textes du Colloque international du CNRS Le fait ethnique en Iran et en Afghanistan pertinence formes genèse et enjeux Paris octobre 1985 29 Dale EICKELMAN The Middle East An Anthropological Approach Prentice Hall Englewood Cliffs 1981 et en particulier pp 157-174 sur Ethnicity and Cultural Identity qui appuie sur les travaux de Rosen mais aussi sur ceux Amai Rassam ROSEN art cit. et Bargaining for Reality Chicago-Londres University of Chicago Press 1984 et notamment pp 133-163 30 UDOVITCH et VALENSI op cit 31 Op cit. 152 32 Cité dans ARBERRY éditeur Religion in the Middle East Three Religions in Concord and Conflict Cambridge University Press 1969 vols 33 ARBERRY op cit. inscrit encore dans cette perspective 34 Par exemple H.A.R GEBB et BOWEN Islamic Society and the West Londres vol pp 207-261 Stanford SHAW History of the Ottoman Empire and Modern Turkey vols Cambridge-Londres Cambridge University Press 1976 35 BRAUDE LEWIS eds Christians and Jews in the Ottoman Empire deux volumes New York-Londres 1982 tant donné abondance des travaux portant sur des régions le Liban notamment et des groupes spécifiques nous ne signalerons ici que les études ensemble 36 Cette révision importante opérée introduction aux deux volumes et les essais qui la sui vent restent prisonniers des cadres traditionnels Une fois de plus Lewis décrit le contenu de la dhimma quitte rappeler que les restrictions étaient plus souvent ignorées que rigoureusement appliquées Une fois de plus les trois groupes improprement désignés comme millet re oivent un traitement plus attentif que les autres il cependant une contribution sur les chrétiens meikites une autre sur les Coptes) et sont plutôt traités comme des unités discrètes dans une relation verti cale avec le pouvoir politique introduction de Lewis prolongeant au xxe siècle le tableau des trois grandes communautés religieuses dans leurs rapports avec le pouvoir politique turc il signale une lutte terrible engage entre Turcs et Arméniens avec éclatement de la

première guerre mondiale or les conflits avaient commencé bien plus tôt) et elle achève sur un désastre un million un million et demi Arméniens ayant péri 24 après avoir tant insisté sur le rôle de tat peut-on par le jeu un simple euphémisme éluder la question du mas sacre délibéré des Arméniens 37 Albert HOURAN Minorities the Arab World Londres-New York-Toronto Oxford Uni versity Press 1947 38 Par exemple Ethnic and Religious Minorities in the Middle East Middle East Review vol no 1-2 automne 1976-hiver 1976-1977 39 Paris Maisonneuve et Larose 1984 40 Après avoir une fois de plus présenté les fondements doctrinaux et historiques de la condition des non-musulmans en Islam et origine des divers groupes présents hui les deux auteurs étudient séparément la vie politique des chiites des Alaouites de Syrie des Druzes dans les différentes régions où ils se trouvent des nations dispersées Arméniens Kurdes) et enfin les Gens du Livre chrétiens et juifs face la montée du panarabisme et au réveil de islam On apprendra beaucoup sur chacun de ces groupes et peut-être était-il inévitable dans un premier temps de faire au moins la chronique des événements subis et des luttes livrées dans chaque cas Mais on regrette que les auteurs ne en soient pas tenus leur programme initial 41 Moshe OZ Communal Conflict in Ottoman Syria during the Reform Era The Role of Political and Economic Factors dans BRAUDE LEWIS op cit. vol pp 91-105 Samir KHALAF Communal Conflict in Nineteenth Century Lebanon eod loc. pp 107-134 42 JOSEPH PiLLSBURY Muslim Christian Conflict Economic Political and Social Origins Westview/Dawson replica edition 1978 Après introduction théorique de JOSEPH pp 1-62 deux contributions portent sur le Liban une sur les conflits entre Coptes et musulmans en Egypte une sur le Soudan une sur les musulmans de Bosnie et une sur le séparatisme Chypre Signalons aussi John JOSEPH Muslim-Christian Relations and Inter-Christian Rivalries in thé Middle East The Case of the Jacobites in an Age of Transition Suny Press 1983 auteur rap pelle que la chrétienté orientale jamais constitué unité théologique ou politique mais que ses communautés ne se sont unies que dans leur opposition aux églises grecque et romaine ou aux autres groupes religieux Favorables occidentalisation au xixe siècle mais artisans des indépen dances pendant la période du Mandat attirés par le panarabisme mais redoutant son identifica tion avec islam résolument anti-sionistes les chrétiens en sont pas moins soup onnés hui être les alliés naturels de Occident et condamnés soit se replier dans les confins de leur communauté soit emigrer Les sympathies de auteur paraissent aller vers la recherche vaille que vaille un modus vivendi avec les musulmans Encore faudrait-il que ceux-ci dans leur ensemble repensent la condition des non-musulmans dans des termes acceptables par des citoyens du xxe siècle 43 Dans un court essai Minorities and Majorities in the Middle East Elie KEDOURIE parle de mobilisation de ethniciré Archives européennes de Sociologie XXV 1984 pp 276- 282 Nous introduisons ici la notion de militarisation de ethnicité 44 Luc-Henri BAR Les communautés confessionnelles du Liban Paris ditions Recherche sur les Civilisations 1983 240 p. rappelle il avait 15 communautés importance inégale officiellement reconnues plus un Conseil suprême des communautés évangéliques qui en regroupait 12 autres plus une quinzaine de communautés qui entraient pas dans ce cadre avant explosion de 1975 au Liban 45 On pourra comparer le confessionnalisme au Liban avec le séparatisme et le factionnalisme en Syrie avec les travaux de Michel SEURAT Les populations tat et la société dans RAY MOND et alii La Syrie aujourdhui Paris CNRS 1980 pp 87-141 et de Ph KHOURI Factionalism among Syrian Nationalists during the French Mandate International Journal of Middle East Studies vol 13 novembre 1981 pp 441-469 46 est ce que nous avons tenté analyser dans UDOVITCH et VALENSI art et livre cités 47 Pierre BOURD Sociologie de Algérie 5e édition 1975 pp 81-82

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Tour de Babel

Pour les articles homonymes, voir Babel .

L’histoire de la tour de Babel ( hébreu  : מגדל בבל, Migdal Babel  ; en arabe  : برج بابل, Burj Babil ) est un épisode biblique rapporté dans le Livre de la Genèse Gn 11,1-9 , peu après l'épisode du Déluge .

La tour biblique pourrait avoir été inspirée par l' Etemenanki , une ziggurat de sept étages dédiée au dieu Mardouk à Babylone et désignée comme « le temple de la fondation du Ciel et de la Terre » .

Ce mythe fut d'une fécondité remarquable et a inspiré des réflexions sur l'origine de la diversité des langues, la puissance de l'effort collectif, l'orgueil humain, la fonction civilisatrice de la ville et la totalisation du savoir. Il a servi de métaphore architecturale à des organismes transnationaux et multilingues.

  • 1 Origine du nom
  • 2 Récits originaux
  • 3.1 La tradition biblique
  • 3.2 La tradition musulmane
  • 4 Contexte historique
  • 5.1 Mythologie grecque
  • 5.2 Afrique
  • 5.3 Amérique centrale
  • 6.1 Alexander Hislop
  • 6.2 Gerhard von Rad
  • 6.3 Isaac Asimov
  • 6.4 Autres interprétations
  • 7.1 Musique
  • 7.2 Littérature
  • 7.3 Peinture
  • 7.5 Films d'animation
  • 7.6 Jeux vidéo
  • 7.7 Bande dessinée
  • 8 Notes et références
  • 9.1 Articles connexes
  • 9.2 Liens externes

Origine du nom

En akkadien Bāb-Ilum signifie « la porte des dieux » [ 1 ] . Dans le récit biblique [ 2 ] , ce mot prend un tout autre sens en raison d'une confusion avec la racine hébraïque BLBL, qui signifie « bredouiller », « confondre » [ 3 ] , [ 4 ] .

Récits originaux

tour de babel en arabe

Peu après le Déluge , alors qu'ils parlent tous la même langue, les hommes atteignent une plaine dans le pays de Shinar et s'y installent. Là, ils entreprennent de bâtir une ville et une tour dont le sommet touche le ciel, pour se faire un nom. Alors Dieu brouille leur langue afin qu'ils ne se comprennent plus, et les disperse sur toute la surface de la Terre. La construction cesse. La ville est alors nommée Babel.

Le récit se trouve dans le Livre de la Genèse ( Gn 11,1-9 ) :

« Toute la terre avait une seule langue et les mêmes mots. Comme ils étaient partis de l’orient, ils trouvèrent une plaine au pays de Shinar, et ils y habitèrent. Ils se dirent l’un à l’autre : Allons ! faisons des briques, et cuisons-les au feu. Et la brique leur servit de pierre, et le bitume leur servit de ciment. Ils dirent encore : Allons ! bâtissons-nous une ville et une tour dont le sommet touche au ciel, et faisons-nous un nom, afin que nous ne soyons pas dispersés sur la face de toute la terre. L’Éternel descendit pour voir la ville et la tour que bâtissaient les fils des hommes. Et l’Éternel dit : Voici, ils forment un seul peuple et ont tous une même langue, et c’est là ce qu’ils ont entrepris ; maintenant rien ne les empêcherait de faire tout ce qu’ils auraient projeté. Allons ! descendons, et là confondons leur langage, afin qu’ils n’entendent plus la langue, les uns des autres. Et l’Éternel les dispersa loin de là sur la face de toute la terre et leur donna tous un langage différent ; et ils cessèrent de bâtir la ville. C’est pourquoi on l’appela du nom de Babel, car c’est là que l’Éternel confondit le langage de toute la terre, et c’est de là que l’Éternel les dispersa sur la face de toute la terre [ 5 ] . »

Le Livre des Jubilés précise la durée du travail de construction et donne des détails sur les dimensions :

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« Voici que les enfants des hommes sont devenus malveillants par leur mauvais dessein de se construire pour eux une ville et une tour dans le pays de Shinar. Car ils sont partis vers l’Est du pays d’ Ararat à Shinar , et dans ces jours ils ont construit la ville et la tour en se disant : – Allez, qu’ainsi nous montions au ciel. Et dans la quatrième semaine ils commencèrent à construire et ils firent des briques au feu et les briques leur servaient de pierre et ils les cimentaient ensemble avec l’argile qui est l’asphalte qui vient de la mer et des fontaines d’eau du pays de Shinar. Et ils construisirent ça ; 43 ans pour construire ça. La largeur d’une brique était de deux briques et la hauteur était le tiers d’une ; sa hauteur comptait 5433 coudées et deux paumes et la superficie d’un mur était de treize stades et trente stades de l’autre [ 6 ] . »

L' Apocalypse grecque de Baruch (vers 70 de notre ère) précise que les dirigeants de ce projet étaient tellement mauvais qu'ils permettaient pas même à une femme en train d'accoucher d'abandonner son poste de travail [ 7 ] .

Le récit de Flavius Josèphe dans Les Antiquités judaïques (fin du I er  siècle) ajoute une justification rationnelle à la décision de construire cette tour :

« Celui qui les exalta ainsi jusqu'à outrager et mépriser Dieu fut Nemrod (Nébrôdès), petit-fils de Cham, fils de Noé, homme audacieux, d'une grande vigueur physique ; il leur persuade d'attribuer la cause de leur bonheur, non pas à Dieu, mais à leur seule valeur et peu à peu transforme l'état de choses en une tyrannie. Il estimait que le seul moyen de détacher les hommes de la crainte de Dieu, c'était qu'ils s'en remissent toujours à sa propre puissance. Il promet de les défendre contre une seconde punition de Dieu qui veut inonder la terre : il construira une tour assez haute pour que les eaux ne puissent s'élever jusqu'à elle et il vengera même la mort de leurs pères. Le peuple était tout disposé à suivre les avis de Nemrod, considérant l'obéissance à Dieu comme une servitude ; ils se mirent à édifier la tour avec une ardeur infatigable, sans se ralentir dans leur travail ; elle s'éleva plus vite qu'on n'eût supposé, grâce à la multitude des bras. Mais elle était si formidablement massive que la hauteur en semblait amoindrie. On la construisait en briques cuites, reliées ensemble par du bitume pour les empêcher de s'écrouler. Voyant leur folle entreprise, Dieu ne crut pas devoir les exterminer complètement, puisque même la destruction des premiers hommes n’avait pu assagir leurs descendants ; mais il suscita la discorde parmi eux en leur faisant parler des langues différentes, de sorte que, grâce à cette variété d'idiomes, ils ne pouvaient plus se comprendre les uns les autres. L'endroit où ils bâtirent la tour s'appelle maintenant Babylone, par suite de la confusion introduite dans un langage primitivement intelligible à tous : les Hébreux rendent « confusion » par le mot babel [ 8 ] . »

Les commentaires du Midrash offrent diverses précisions sur les mobiles de cette entreprise et le défi que les hommes avaient ainsi lancé à Dieu et à Abraham. C'était aussi une façon d'éviter une répétition du déluge. Selon le Sefer Ha-Yashar , six cent mille personnes auraient pris part à cette entreprise. La tour avait atteint une telle hauteur qu'il fallait un an pour amener les matériaux au sommet. Lorsque Dieu confond les langues, le maçon qui avait commandé du mortier recevait plutôt des pierres, ce qui entrainait des colères; certains des ouvriers sont transformés en singes, en mauvais esprits, en démons ou en fantômes [ 7 ] .

La tradition biblique

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Selon les traditions judéo-chrétiennes, Nemrod , le « roi-chasseur » qui régnait sur les descendants de Noé , est à l'origine du projet. Babel est souvent identifié à Babylone . L'unique langue parlée par les hommes est appelée la langue adamique . Pour certains, cette histoire qui explique la diversité des langues, illustre la nécessité de se comprendre pour réaliser de grands projets, et le risque d'échouer si chacun utilise son propre jargon .

On peut aussi y voir une illustration des dangers que représente la recherche de la connaissance, vue comme un défi lancé à Dieu : « Quant aux pères de l’Église et aux penseurs chrétiens, ils voient en Babel le péché, péché de la multiplicité détruisant l’unité, nouvelle chute puisque la tour, comme la Chute de nos aïeux, résulte de l’orgueil [ 4 ] . »

Babel est aussi une ville, bâtie collectivement pour « se faire un nom » ; on pourrait comprendre « pour exister ». On peut en effet voir la Ville comme le lieu de la désobéissance des hommes envers Dieu [ 9 ] . Mais le mot hébreu shem , souvent traduit par « nom », peut également vouloir dire « monument » [ 10 ] . Ce sens est naturel dans ce passage, et résout le problème de l'interprétation de l'expression « se faire un nom » qui paraît à première vue hors sujet [ 11 ] , [ 12 ] .

La ville et la tour sont construites sur une faille, Shinar , qui pour les Anciens, met en relation le monde des hommes avec celui des dieux : les Enfers. On peut comparer Babel à Hénoch (le commencement, en hébreu), première ville biblique construite par Caïn sur la terre de Nod (de l'errance, en hébreu), où sont nées les premières réalisations des hommes, par l'artisanat et les arts de Tubalcaïn et de Youbal ; mais cette ville est aussi le théâtre du crime de Lamech [ 13 ] et Dieu la détruit par le Déluge .

La tradition musulmane

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Le Coran ne mentionne pas le mythe de Babel comme tel mais possède un récit présentant certaines similitudes avec lui, qui se place dans l'Égypte de Moïse. Le pharaon demande à Haman de lui construire une tour en pierre ou en argile afin de pouvoir monter jusqu'au ciel et confronter le dieu de Moïse [ 15 ] . Le nom de Babil apparaît à la sourate II,96 où les anges Harut et Marut mettent le peuple de Babylone en garde contre la magie, en expliquant que leur propre enseignement de la magie était une façon de mettre leur foi à l'épreuve [ 7 ] .

Babel est citée au « Chapitre sur la prière dans les ruines et les lieux de douleur » d'un important recueil de traditions musulmanes. Dans les Chroniques de Tabari ( IX e  siècle), Nemrod fait construire une tour (sarh) à Babil, afin d'attaquer Dieu « au ciel, sur son propre terrain [ 16 ]  » . Mais Dieu détruit la tour et le langage unique de l'humanité, qui était le syriaque , est confondu en 72 langues. Dans une variante, seul le patriarche Eber , ancêtre d' Abraham , se voit accorder la permission de garder sa langue originelle, l' hébreu , parce qu'il n'avait pas participé à la construction [ 7 ] .

Contexte historique

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Selon l'assyriologue Wolfram von Soden , on ne doit pas rechercher une origine, le récit de l'auteur biblique sur la tour de Babel étant un « mythe construit » qui ne repose sur aucune tradition orale [ 17 ] .

Le professeur d'histoire des religions Christoph Uehlinger voit dans ce récit de la tour un texte anti-assyrien se moquant de la volonté d'hégémonie de cette puissance, alors que la construction de sa nouvelle capitale Dur-Sharrukin n'est toujours pas achevée à la mort du roi Sargon II [ 18 ] .

Toutefois, des archéologues soulignent les points communs entre la tour de Babel et la ziggurat de l’ Etemenanki , « l’un des monuments les plus célèbres de l’Antiquité [ 19 ] . » . Dédiée au dieu principal de la ville, Marduk , cette tour à étages s'élevait au centre de Babylone , au cœur du sanctuaire de l’ Esagil ( « temple dont la tête est élevée » ). L’ Etemenanki était le « temple-fondation du ciel et de la terre » , le « pivot reliant la terre et ses tréfonds au ciel, résidence des dieux du panthéon mésopotamien [ 19 ] . » Construite durant plus d'un siècle par les rois Assarhaddon (680-669), Assurbanipal (668-630), Nabopolassar (626-605) et Nabuchodonosor II (604-562), cette ziggurat avait une base de 90 mètres de côté et peut-être une hauteur équivalente. Elle comptait probablement sept étages, colorés par des parements de briques émaillées (le chiffre 7 avait une valeur symbolique en Mésopotamie). Cependant sa forme n'était pas circulaire : toutes les ziggurats avaient une base carrée ou rectangulaire, selon la description qu'en a donnée Hérodote  :

« On voit au milieu une tour massive qui a un stade tant en longueur qu’en largeur ; sur cette tour s’en élève une autre, et sur cette seconde encore une autre, et ainsi de suite : de sorte que l’on en compte jusqu’à huit. On a pratiqué en dehors des degrés qui vont en tournant, et par lesquels on monte à chaque tour. Au milieu de cet escalier on trouve une loge et des sièges, où se reposent ceux qui montent. Dans la dernière tour est une grande chapelle ; dans cette chapelle un grand lit bien garni, et près de ce lit une table d’or. On n’y voit point de statues. Personne n’y passe la nuit, à moins que ce ne soit une femme du pays, dont le dieu a fait choix, comme le disent les Chaldéens, qui sont les prêtres de ce dieu [ 20 ] . »

Après la prise de Jérusalem par Nabuchodonosor II en 586 av. J.-C., une partie de la population juive avait été déportée à Babylone, comme cela se faisait couramment pour assurer le calme dans les régions conquises. En arrivant à Babylone, les Juifs ont probablement été subjugués par la grande ziggurat du dieu Marduk , tout comme elle frappa d'étonnement Alexandre le Grand , qui ordonna des travaux de réparation sur sa fortune personnelle, et en voulut une reproduction miniature en guise de tombeau [ 21 ] . Ce monument pourrait donc avoir servi de référent de base au mythe de Babel.

Dans le mythe mésopotamien Enmerkar et le seigneur d'Aratta ( XXI e  siècle  av. J.-C. ), Enmerkar, fondateur légendaire de la cité d'Uruk, est en train de construire une énorme ziggurat à Eridu et demande de l'aide à la cité d' Aratta , située sur le plateau iranien. Il implore le dieu Enki et appelle à l'aide la déesse Ishtar . Celle-ci lui conseille d'envoyer un héraut pour négocier avec le seigneur rival. Au cours des négociations, le héraut récite une incantation implorant Enki de restaurer l'unité des langues dans la région [ 22 ] .

Depuis la découverte en 1872 de «  la tablette du déluge  » par George Smith , il ne fait pas de doute que les récits de la Genèse présentent de nombreux parallèles avec les récits provenant des tablettes sumériennes et babyloniennes: l'ancienne Babylone et le monde de la Bible relèvent assurément d'un même contexte culturel et littéraire [ 23 ] comme le montrent les nombreux récits de déluge et de construction d'une tour que relatent les tablettes trouvées en Mésopotamie [ 24 ] .

Parallèles dans d'autres cultures

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Plusieurs cultures ont des mythes contenant des points communs avec le récit de Babel.

Mythologie grecque

Le récit de la tour de Babel a été mis en relation avec le mythe grec de la révolte des Titans contre Ouranos [ 4 ] .

L'anthropologue James George Frazer a relevé de nombreux parallèles entre les récits de la Genèse — tels ceux du Déluge et de la tour de Babel — et des légendes de divers peuples à travers le monde. Ainsi, dans la mythologie des Lozis , des hommes méchants construisent une tour afin de poursuivre le Créateur Nyambe qui s'est enfui au ciel sur une toile d'araignée, mais les hommes périssent quand les mâts s'écroulent.

Au Congo , des hommes dans un village se mettent en tête d'atteindre la Lune en érigeant de longs poteaux les uns sur les autres, jusqu'à ce que le tout s'écroule : depuis ce temps-là, personne n'a plus jamais tenté d'atteindre la Lune [ 25 ] . Chez les Ashantis , les mâts sont remplacés par des pilons. De même, chez les Kongos ainsi qu'en Tanzanie , les hommes empilent des bâtons ou des troncs pour tenter d'atteindre la Lune [ 25 ] .

Amérique centrale

Le dominicain Pedro de los Rios , qui a vécu en Amérique centrale entre 1526 et 1529, rapporte une légende selon laquelle la Grande Pyramide de Cholula aurait été construite par sept géants rescapés du Déluge, sous la conduite de leur frère ainé, Xelhua, surnommé l'Architecte. Ils voulaient construire une pyramide qui atteindrait les cieux, mais les dieux, furieux de voir un tel orgueil, lancèrent le feu du ciel sur la pyramide, tuant nombre d'ouvriers, si bien que la tour est restée inachevée et a par la suite été consacrée à Quetzalcoatl [ 26 ] . Une tradition similaire est rapportée par le dominicain Diego Durán (1537-1588), mais avec des détails indiquant une indiscutable contamination par le récit biblique [ 27 ]

Interprétations

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Augustin d'Hippone l'analyse dans De la Genèse au sens littéral . « Babel-Babylone pour les Hébreux désignait les ennemis d’Israël, entendons aussi, pour les Pères de l’Église, ceux de la chrétienté. Par un renversement polémique, Babel-Babylone, l’impure, par les Réformés sera identifiée à Rome et à la papauté. Luther a assimilé le châtiment de Babel à la décadence pontificale [ 4 ] . »

Les commentateurs se sont aussi penchés sur « la valeur allégorique des sept étages de la Tour comportant chacun 360 marches, la signification spirituelle des 72 langues engendrées de la confusion babélienne rappelant, elle, les 72 noms de Dieu [ 4 ] . »

Alexander Hislop

Selon le pamphlet anticatholique The Two Babylons d' Alexander Hislop , pasteur protestant du XIX e  siècle, le fondateur de Babylone , Koush , père de Nemrod , s'identifierait à Hermès . Ainsi ce qui caractériserait le régime Babylonien serait la découverte des langages secrets, de l' hermétisme (ce qui est caché), et ceci dans un but de Pouvoir. C'est dans cette volonté de promouvoir des langages secrets que réside le pouvoir des classes supérieures, et aussi la cause de la confusion des langages et leur multiplication parmi les peuples. Les humains de Babel ( Babylone ) trouvent ainsi leur punition dans le système de pouvoir qu'ils ont eux-mêmes inventé [ 28 ] .

Gerhard von Rad

Pour Gerhard von Rad , l'épisode de la tour de Babel est un récit étiologique sur la diversité des langues et des peuples [ 29 ] . Le récit des origines est « jalonné par le péché, par ses éruptions : la chute, le récit de Caïn et Abel, le chant de Lamech , le Déluge  » [ 29 ] . L'épisode de la tour de Babel s'en distingue toutefois en relatant, non plus des manquements individuels, mais des péchés collectifs : « Il s'agit donc de marquer le péché collectif d'une communauté humaine et d'en montrer la condamnation par Dieu. [...] Le récit de la tour de Babel et celui des origines s'ouvrent à l'avenir au sens où la question de la relation entre les hommes et Dieu est posée [ 29 ] . »

Isaac Asimov

Isaac Asimov estime que le récit biblique peut être considéré comme une tentative d'explication de trois éléments, dont le premier serait la diversité linguistique, le deuxième serait l'existence pendant une longue période d'une ziggurat inachevée (ou en ruines) à Babylone, et le troisième serait l'origine étymologique attribuée par erreur au nom hébreu de cette ville (Babel) : « Les auteurs du livre de la Genèse croyaient que « Babel » venait du mot hébreu balal , signifiant mélangé, confus ou brouillé ». L'explication proposée par Asimov pour l'existence de cette ziggurat inachevée était que la construction de celle-ci aurait pu avoir été interrompue à cause de la panique engendrée par les campagnes militaires de Sargon d'Akkad [ 30 ] . D'autres auteurs évoquent l'état éventuellement détérioré des versions antérieures de l' Etemenanki , qui a notamment été rénové postérieurement au récit biblique par Nabuchodonosor .

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Autres interprétations

À contre-courant, François Marty [ 31 ] interprète Babel comme une chance pour l'homme : il lit son mythe comme une instauration, par la diversité qu'entraîne la multiplicité des langues, des conditions de l'altérité et de la « biodiversité » des hommes [ 32 ] , qui obligent les citadins à se civiliser [ 33 ] . La ville devient alors un creuset d'humanité [ 34 ] .

Pour Clarisse Herrenschmidt , « la Tour de Babel n’existe pas » car il n’y eut jamais une seule langue parmi les humains. Le mythe révèle notre rêve « d’une langue unique, nous désirons l’état idéal, idéel, d’une humanité réunie avec elle-même [ 35 ] . »

Selon Jean-Jacques Glassner , spécialiste en assyriologie, le mythe de la tour de Babel serait « une métaphore qui évoque un nouveau déluge avec le mascaret humain qui se répand sur la terre entière » [ 36 ] .

Dieu lui-même donne son nom à cette ville ; Babel, qui ouvre le ciel, est d'après Emmanuel Levinas une invitation à « l'ouverture à l'autre que l'autre, celui qui m'est radicalement différent, comme voie qui mène au Tout autre [ 37 ]  ».

Dans une optique analytique, notamment avec Marie Balmary [ 38 ] , ce mythe prend sens de l'endroit où il apparait dans la Bible : après le Déluge, tentative d’extermination des hommes par Dieu. La construction de la Tour s’interprète alors comme une rétorsion contre Dieu. Ce que manifeste le nom composé de Babel, bab  : porte, et El  : ciel. La Tour de Babel fait figure de tour de guerre pour monter à l’assaut du Ciel où réside Dieu. Pour la réaliser, les hommes opposent à la puissance de Dieu, une puissance équivalente, la « force collective » : « Ils se dirent l’un à l’autre : « Allons, faisons des briques et cuisons-les au feu. […] Ainsi nous nous ferons un nom, de peur d’être dispersés sur toute la face de la terre… » On retrouve là les éléments constitutifs de la religion selon René Girard : crise d’indifférenciation, désir mimétique, dimension collective, meurtre, victime divinisée [ 39 ] . Selon ce type d'interprétation, le danger et le sens de la Tour de Bab’El résident dans cette uniformisation, cette illusion de toute-puissance des hommes, plus que dans l’atteinte à la majesté divine. Ce que confirme la réflexion de Dieu : « Voici, dit-il qu’ils ne forment qu’un seul peuple et ne parlent qu’une seule langue. S’ils commencent ainsi, rien ne les empêchera désormais d’exécuter toutes leurs entreprises » [ 40 ] .

Une évolution générale de l’interprétation du texte peut se décrire ainsi : alors que les interprétations traditionnelles présentaient la diversité des langues comme une punition, le récit a été au contraire compris à partir du XX e siècle, comme le danger de l’unification culturelle, du fait d’un « renversement de cette construction théologique [ 41 ]  », et la dispersion des hommes et la multiplicité des langues ont été pensées non comme une malédiction mais comme une richesse [ 42 ] . Le mythe peut ainsi être extrapolé « aux problématiques que soulève la modernité [ 43 ]  ».

Dans la culture

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Les récits de constructions qui atteindraient le ciel ont depuis longtemps inspiré écrivains et artistes, d'autant plus que le mythe de Babel se retrouve, sous diverses variantes, dans la plupart des cultures et civilisations ainsi que l'a montré George Steiner [ 4 ] .

Stefan Zweig s'est inspiré de cet épisode pour assimiler « le ciel » à un but infiniment éloigné [ 44 ] .

Roger Perron voit dans la tour de Babel une métaphore du processus analytique, le psychanalyste étant « voué à l’inépuisable approche d’un appareil psychique hanté par l’Idéal du Moi et la sublimation, mais enraciné dans la pulsion [ 45 ] . »

En somme, comme le note James Dauphiné, « la fécondité du mythe de Babel a donc été remarquable. Tout en subissant au cours de sa réception des variations et des modifications, ce récit biblique est à l’origine de pans entiers de la littérature et à la source d’une réflexion sur les fonctions de la langue et le pouvoir des mots [ 4 ] . » Le même auteur voit dans la création de l' espéranto « un moyen de conjurer la malédiction de Babel et de forger une unité perdue » .

  • Tower of babel (1965) de Elton John et Bernie Taupin , apparue sur l'album Captain Fantastic and the Brown Dirt Cowboy
  • Babel (2011) d'ATOLS avec la voix de Miku Hatsune
  • Babel (1987) de Klaus Schulze et Andréas Grosser
  • Babel (2012) de Mumford & Sons , apparue sur leur album du même nom
  • Babel (2014) de Jean-Louis Murat , avec le Delano Orchestra ( Pias )
  • La Tour de Babel de Guy Béart
  • Tour de Babel de Glenmor , tirée de l'album Hommage à Morvan Lebesque
  • La tour de Babel (2014) de Georgio sur l'EP À l'abri
  • Dom Pérignon (Prod. Foda €) de Columbine ft. Charles Vicomte
  • Babel (2016) de Merzhin , tiré de l'album Babel
  • Babel Tower (2014) de Primordial , tiré de l'album Where Greater Men Have Fallen
  • The Tower of Babel (1991) de Yoko Kanno
  • La femme d'Hector (1958) de Georges Brassens , apparue sur l'album Volume 6
  • Babylon (2020) de Lady Gaga , tiré de l'album Chromatica
  • Babel , premier morceau de l'album "The word as power [ 46 ] " (2013) de Lustmord .

Littérature

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  • La bibliothèque de Babel (1941) de Jorge Luis Borges (Babel devient une bibliothèque exhaustive englobant la totalité du savoir)
  • Babel, la Langue promise , d'Alain-Abraham Abehsera, BibliEurope - Connectives, 1999 (essai sur la parenté universelle des langues avec l' hébreu biblique).
  • L’homme qui a défié Babel de René Centassi   (eo) et Henri Masson (biographie de Louis-Lazare Zamenhof , Éditions Ramsay, 2002
  • Des tours de Babel de Jacques Derrida
  • Babel de Jean-Claude Francklin
  • Babel, la tour des hommes de Daniel Brentwood
  • Babel ou l'inachèvement de Paul Zumthor , éditions du Seuil
  • Le Sacrifice interdit chapitre 3 de Marie Balmary , éditions Grasset, 1999
  • La Tour d'El-Bab et La Colère d'Enki , tome 5 et 6 de la série québécoise Amos Daragon de Bryan Perro
  • Le Guide du voyageur galactique de Douglas Adams où apparaît le Babelfish, un poisson interprète qui se glisse dans le conduit auditif d'un être vivant
  • La Tour de Babylone de Ted Chiang
  • Les Greniers de Babel de Jean-Marie Blas de Roblès , édition Invenit, 2012
  • La Passe-miroir - La Mémoire de Babel de Christelle Dabos , 2017, dans ce troisième volet la tour de Babel y trouve une place particulière
  • L'arrache-mots de Judith Bouilloc, Babel est la capitale du royaume d'Esmérie où se déroule l'intrigue.
  • Rois et Reines de Babel de François Place, éditions Gallimard, 2020, album jeunesse

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Dans une gravure réalisée en 1547 (voir ci-dessus), Cornelis Anthonisz est le premier à donner à la Tour une forme ronde, en dépit du fait que la structure carrée de la ziggurat était alors bien connue grâce aux textes grecs [ 47 ] . Contrairement au texte biblique, Anthonisz représente la tour en train de s'effondrer, alors que la colère de Dieu ne s'est pas traduite par sa destruction mais par la confusion des langues. Dès ce moment, le motif de la Tour de Babel devient très populaire dans la peinture flamande , qui produira des centaines de peintures de la tour, la plupart anonymes, entre 1563 et 1650. Les plus célèbres sont celles de Pieter Brueghel l'Ancien et Lucas van Valckenborch [ 48 ] . La Tour reste au premier plan jusque vers 1650. Par la suite, elle se trouve reléguée dans le fond des tableaux [ 4 ] .

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  • Pieter Brueghel l'Ancien (1525-1569), La Tour de Babel , 1563, huile sur bois, 114 × 155  cm , ( Vienne , Kunsthistorisches Museum Wien). Brueghel s'inspire de la structure du Colisée . et la forme ronde s'imposera durant toute cette période
  • Pieter Brueghel l'Ancien, La « Petite » Tour de Babel , vers 1563, huile sur bois, 60 × 74,5  cm , ( Rotterdam , Museum Boymans-van Beuningen).
  • Lucas van Valckenborch (1535-1597), La Tour de Babel ( Paris , musée du Louvre), 1594, huile sur bois, 41 × 56  cm .
  • Lucas van Valckenborch, Construction de la tour de Babel , 1595 (?), huile sur bois, 42 × 68  cm , ( Coblence , Mittelrhein-Museum, Inv. Nr. M 31).
  • Martin van Valckenborch   (en) (1535-1612), La Tour de Babel , huile sur bois, 49,5 × 66,6  cm , (Pinacoteca ; Sienne).
  • Maurits Cornelis Escher , Tour de babel , xylographie, 1928.
  • James Tissot , Construction de la Tour de Babel , 1896-1902, gouache sur carton
  • Dans le film Metropolis de Fritz Lang (1927), une scène raconte l’histoire de la tour de Babel : son but, sa construction, les incompréhensions entre la main et la tête et sa fin.
  • Dans le film Alexandre d' Oliver Stone (2004), une scène nous montre la tour de Babel située à Babylone .
  • Le film Babel d' Alejandro González Iñárritu (2006) fait référence au mythe en prenant appui sur les difficultés rencontrées par les hommes pour communiquer, alors qu'ils sont tous unis par la même humanité.

Films d'animation

  • Dans le long-métrage Le Château dans le ciel d' Hayao Miyazaki (1986), l'origine du château est peu connue mais le générique fait penser au thème des hommes qui ont voulu s'élever au rang des dieux (vie dans les nuages, puissance infinie qui peut faire le bien ou le mal suivant leur volonté) et qui ont été presque anéantis, les survivants ayant tout à réapprendre. Le lien est d'autant plus flagrant que l'un de ces châteaux apparaissant dans le générique ressemble fortement à la représentation de Pieter Brueghel l'Ancien .
  • La tour de Babel fait une apparition dans la série télévisée Nadia, le secret de l'eau bleue (1990). Elle a été construite par les Atlantes mais celle-ci a également servi à leur destruction.
  • Dans l' anime Patlabor , E. Hoba (en référence à Jéhovah ) tente de saboter le projet Babylone en introduisant un virus qui cause l'apparition du mot « Babel » sur les écrans d'ordinateur et la folie des robots infectés par ce virus. Cette manœuvre a pour but d'empêcher le retour de Dieu, censé punir l'homme, comme dans l' Ancien Testament , à la suite du pharaonique projet Babylone.
  • Dans le long-métrage Metropolis de Rintarō (2001), un homme cherche à s'élever au-dessus des autres par le biais d'un robot à l'apparence de petite fille, pouvant contrôler le monde du haut d'une tour appelée Ziggurat , faite à l'image de la tour de Babel.
  • Dans l' anime Saint Seiya Omega , Mars invoque la tour Babel pour absorber l'énergie de la terre afin de créer son sanctuaire.
  • Dans Babel Rising (sur Android , iOS , PS3 et WiiWare ), des ouvriers tentent de construire la tour de Babel. Le joueur incarne Dieu et doit les en empêcher en utilisant les sept pouvoirs à sa disposition, notamment le tsunami . Le roi Nabo (Nabuchodonosor) est décrit comme un tyran méprisable. Babel running inverse les positions. [ 49 ] .
  • Dans Soleil , le héros monte la tour de Babel, passe des épreuves pour arriver au sommet de la tour, et une autre plus ardue pour atteindre les cieux. C'est un lapin dans un village proche de « Fleur Brûlée » qui nous indique que les humains ont des difficultés à communiquer entre eux.
  • Dans Illusion of Time dans lequel un héros évolue à l'intérieur d'une tour ressemblant à la tour de Babel,
  • Dans Super Mario Bros. 3 où elle constitue un petit niveau dans le monde 5 qui justement est le monde du ciel.
  • Dans The Legend of Zelda: Majora's Mask , l'accès au temple de la vallée d'Ikana,qui consiste à monter une tour jusqu'aux cieux est une référence à la tour de Babel
  • Dans Indiana Jones et la Machine infernale , la tour de Babel abrite une machine mystérieuse et dangereuse qui aurait été créée du temps du roi Nabuchodonosor et inspirée par le dieu babylonien Marduk, et permettant d'ouvrir un passage entre le monde réel et une autre dimension, l'aetherium.
  • Dans Prince of Persia : Les Deux Royaumes , produit par Ubisoft, on peut gravir cette tour dans les derniers niveaux du jeu.
  • Dans Xenogears , où elle constitue une étape importante du jeu. Le symbole du lien avec Dieu et de la montée de l'homme vers le ciel est réutilisé dans ce jeu au scénario très mystique.
  • Dans Nostalgeo no Kaze  : La tour de Babel à des graphismes rappelant parfaitement le tableau de Bruegel l'Ancien.
  • Dans SimCity Creator , la Tour de Babel est le monument représentant l'époque antique, elle est semblable au tableau de Bruegel l'Ancien.
  • Dans Painkiller , le niveau 3 du chapitre 4 s'appelle « Babel ». Il se déroule dans une vaste cité orientale où culmine la fameuse tour.
  • Dans Atlantica Online où elle constitue un donjon de nation accessible à partir du niveau 100. Elle possède 4 étages.
  • Dans Golden Sun (sur Game Boy Advance ), un personnage nommé Babi fait construire une tour appelée le « phare de Babi », afin de pouvoir localiser une île perdue qui détient les secrets de l'immortalité. L'édifice s'effondre avant la fin de sa construction.
  • Dans Catherine (sur Xbox 360 et PlayStation 3 ), il existe un mode « Babel » où le héros doit escalader une tour qui s'effondre petit à petit.
  • Dans Doom , le dernier niveau du deuxième épisode s'appelle « Tour de Babel ». Il permet au joueur de descendre en Enfer et non de monter aux cieux.
  • Dans Final Fantasy IV , la «Tour de Babel » ou « Tour de Babil » est un donjon s'élevant du monde souterrain jusqu'au ciel. Le joueur doit s'y rendre à plusieurs reprises au cours de l'histoire.
  • Dans The Lapins Crétins : La Grosse Aventure , les lapins crétins veulent construire une tour vers la Lune.
  • Dans Call of Duty: Black Ops II , les joueurs parvenant à réaliser le secret de Green Run en mode Zombie se voient obtenir le succès « La Tour de Babel ».
  • Dans Forge of Empire , la Tour de Babel peut être construite en tant que « Grand Monument » afin d'apporter des ressources et d'augmenter la population.
  • Dans Overwatch , sur la carte Oasis ajoutée au jeu en Janvier 2017 , la Tour de Babel semble représentée (au loin puis à l'intérieur) à travers les 3 manches de la carte. La Tour de Babel est ici bien plus haute et futuriste que dans les représentations mais n'est toujours pas achevée.

Bande dessinée

  • La Tour de François Schuiten et Benoît Peeters relate l'histoire d'un mainteneur dans une tour d'une taille démesurée, évoquant la tour de Babel.
  • Le tome 5 de la bande dessinée Universal War One est intitulé Babel , en référence à la tour de Babel dont l'histoire y est relatée.
  • Les rues de sable de Paco Roca se passe dans un hôtel construit par un mathématicien, et qui semble s'élever jusqu'au ciel. Lors de l'inondation de la ville, le sommet tronqué de la tour permet d'atteindre la Lune.
  • Le Troisième Testament - Julius livre 2 de Alex Alice , Xavier Dorison et Thimothée Montaigne . Une partie de l'histoire se passe à Babylone où l'on voit la tour au milieu de la ville.
  • La Tour de Babel de Jacques Martin est un épisode des aventures d’ Alix .
  • La Tour de Babel d' Alberto Breccia est un épisode (tome 2) de Mort Cinder .
  • Blackface Babylone (2015) de Thomas Gosselin.
  • La Tour de Babel de Mark Waid, publié chez DC Comics, est une série de comics racontant comment Ra's al Ghul prend le contrôle de la planète en volant les fichiers de Batman, permettant ainsi de mettre à terre tous les héros de la Justice League. La référence biblique est que l'Humanité n'arrive plus à communiquer car les langues sont brouillées.

Notes et références

  • John Day, From Creation to Babel : Studies in Genesis 1-11 , Bloomsbury Publishing, 2014, p. 179–180.
  • Genesis 11:9
  • John L. Mckenzie, The Dictionary of the Bible , Simon and Schuster, 1995, p. 73.
  • Traduction de Louis Segond (1910).
  • Livre des Jubilés , chap X, 20. Disponible en PDF : [olivier-franc-romains11.com/pdf/livre_des_jubiles.pdf]
  • Isidore Singer, Jewish Encyclopaedia , II, art. Babel, p. 396.
  • Antiquités judaïques , Livre I, chap. 4.
  • Jacques Ellul , Sans feu, ni lieu : signification biblique de la grande ville , Paris, Gallimard, collection Voies ouvertes, 1975, p.  30 .
  • Brown-Driver-Briggs Hebrew and English Lexicon , http://www.biblestudytools.com/lexicons/hebrew/nas/shem.html
  • ( http://www.biu.ac.il/JH/Parasha/eng/matot/betzer.html Study Sheet on the Weekly Torah Portion
  • Ésaïe 55:13, où le mot shem est traduit, dans la New American Standard Bible, par l'anglais memorial .
  • Genèse 4,17–4,24 .
  • Thelle , p.  51.
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  • (de) Wolfram von Soden, «  Etemenanki von Asarhaddon; Nach der Erzahlung vom Turmbau zu Babel und dem Erra-Mythos  », Ugarit-Forschungen 3, 1971, p. 253-264.
  • (de) Christoph Uehlinger, Weltreich und 'eine Rede': Eine neue Deutung der sogenannten Turmbauerzählung (Gen 11:1–9) , Universitätsverlag  ; Göttingen, Vandenhoeck & Ruprecht, 1990, pp. 514-558.
  • Hérodote, Histoires , Livre I, chap. CLXXXI
  • C. W. Ceram, Des Dieux, des tombeaux, des savants .
  • Selon la traduction de Kramer, il implore le dieu de semer la confusion des langues. Voir (en) Enmerkar and the lord of Aratta
  • Thelle , p.  137.
  • Thelle , p.  11.
  • Frazer , p.  377.
  • Frazer , p.  380.
  • Frazer , p.  381.
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  • Gen. 11.6 trad. Maredsous Ed. Brepols.
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  • Gaëlle Brunelot, «  Recension  », Laval théologique et philosophique ,‎ février 2013 , p. 179-180 ( lire en ligne [PDF] )
  • Stefan Zweig La Tour de Babel , essais, tome 3 : « Leurs sages s’aperçurent qu’une science pratiquée par un peuple seul ne pouvait atteindre l’ infini  »
  • Perron, Roger. « La tour de Babel. Considérations sur le processus analytique », Revue française de psychanalyse , vol. vol. 71, no. 4, 2007, p. 1111-1129.
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Bibliographie

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  • François Marty, La Bénédiction de Babel , éd. Le Cerf , 1990 ( ISBN   2204040371 )
  • Sylvie Parizet, Le Défi de Babel : un mythe littéraire pour le XXI e  siècle . Ed. Desjonquères, 2001 , ( ISBN   284321033X )
  • Louis Panier, Babel : une dynamique de la différence - Fusion ? Dispersion ? Articulation ? in Dynamiques de la ville - Essais de sémiotique de l'espace, L'Harmattan , Paris , 2007 , ( ISBN   978-2-296-03877-6 )
  • A. Reuter, J.-P. Ruiz (dir.), Retour de Babel, Itinéraires, Mémoires et Citoyenneté , éd. Retour de Babel, Luxembourg , 2007 ( ISBN   978-2-9599924-0-7 )
  • George Steiner , Après Babel. Une poétique du dire et de la traduction , Paris, Albin Michel, 1978.
  • François-Xavier Tassel, « La ville symbolique et creuset d'humanité », Revue Villard de Honnecourt n o  63, Paris , 2006 , ( ISBN   978-2-901-628-52-1 )
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  • (en) Rannfrid I. Thelle, Discovering Babylon , Oxon, Routledge , 2019
  • Gilbert Tournier , Babel ou le vertige technique , éd. Fayard , 1960
  • Jean-Marc Vercruysse (dir.), La Tour de Babel , Arras, Artois Presses Université 2012.
  • Jacques Vicari, La Tour de Babel , éd. PUF , 2000 ( ISBN   2130507018 )
  • Paul Zumthor , Babel ou l’inachèvement , éd. du Seuil , 1997 , ( ISBN   2020262657 )

Articles connexes

  • Langue originelle
  • Histoire des langues
  • Synopsis Universae Philologiae

Liens externes

  • Encyclopædia Britannica
  • Fichier d’autorité international virtuel
  • Bibliothèque nationale de France ( données )
  • Bibliothèque du Congrès
  • Gemeinsame Normdatei
  • Bibliothèque nationale d’Espagne
  • Bibliothèque nationale de Pologne
  • Bibliothèque nationale d’Israël
  • Bibliothèque nationale tchèque
  • « Babel : malédiction ou bénédiction ? » , par Francis Guibal , Études , 2007, sur cairn.info
  • La tour de Babel origine de toutes les langues
  • Étude de la tour de Babel et ses reprises dans la littérature et dans l'art, par Gaëlle Bebin
  • La Tour de Babel n'existe pas , par Clarisse Herrenschmidt, Sens public , 10 novembre 2008 .

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The description given in the text of the work of the plate reads :

PLATE V BAS-RELIEFS AT AN ENTRANCE TO A SMALL TEMPLE (NIMROUD) Part of one side of the entrance near which stood the bas-relief of the King last described. The group is believed to represent the god to whom the temple was dedicated, driving out the evil spirit.† On the opposite side of the doorway the same figures were repeated. These bas-reliefs are now in the British Museum [..] † Ibid. . p.348

The plate description is on page 2 of the work.

The image in the book is by Faucher-Gudin , an drawing based on the excavated Bas-Relief. The Bas-Relief was in not as good condition.

Sources for the description an full plate include :

  • http://digi.ub.uni-heidelberg.de/diglit/layard1853/0010/image
  • http://www.etana.org/sites/default/files/coretexts/17171.pdf (no text)

The reference in the text to "Ibid. p.348" is to Discoveries in the ruins of Nineveh and Babylon (Layard, 1853) - which can be seen here https://archive.org/stream/discoveriesinru00layagoog#page/n398/mode/2up

quote (p.348-349):

There is also in the same work and illustration of the relief in situ in the temple (between p.350 and 351)

There are at least two interpretations of what the image is/was intended to represent.

  • Some sources interpret the image as [Bel-Merodach] Marduk (with thunderbolt) fighting Tiamat eg History of Egypt, Chaldea, Syria, Babylonia, and Assyria Vol. 3 (Maspero, G.; Sayce, A. H.) , https://archive.org/stream/egypt03maspuoft#page/n28/mode/1up
  • Some modern sources state this is probably Anzu and Ninurta. eg in Gods, Demons and Symbols of Ancient Mesopotamia: An Illustrated Dictionary? (Jeremy A. Black and Anthony Green ISBN: 978-0-292-70794-8) p.142 states as text to same image : " Ninurta or Adad pursues a leonine bird-monster, perhaps the Anzû or Asakku. "

A discussion of the development of the interpretation of this image can be found here http://oracc.museum.upenn.edu/nimrud/livesofobjects/anzu/index.html archived link

The original gypsum wall carving from which the drawing was taken is now (2018) displayed in Room 6 of the British Museum. Details of the object can be found here:

  • British Museum reference BM 124571
  • http://www.britishmuseum.org/research/collection_online/collection_object_details.aspx?objectId=367087&partId=1&searchText=relief&people=117843&page=1
  • http://www.britishmuseum.org/research/collection_online/collection_object_details.aspx?objectId=367087&partId=1&searchText=relief&people=117843&page=2

The actual object also has a cuneiform inscription across the (approx.) middle third, not reproduced in the drawing. The texts is thought to be a "boilerplate" text used throughout the palace/temple on several reliefs - for more details and translation of a presumed nearly identical text see Assyrian Rulers of the Early First Millennium BC, I (1114-859 BC) vol. 1, (Grayson, Albert Kirk,Toronto, University of Toronto Press, 1991) p.232 no.5 (entry A.0.101.5) which references entry A.0.101.3 ; there were also inscriptions on the backs of the slabs - see same publication reference A.0.101.31 (no.31, p.293) .. the inscriptions reference Ashurnasirpal [II] son of Tukulti-Ninurta [II] - which dates the objects to 883 to 859 BC. (see en:Ashurnasirpal II )

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Le mythe de la tour de Babel

✔ j'enrichis ma culture personelle en abordant les cultures du monde. ✔ je produits différents types d'écrits., doc. 1 la référence.

La référence

Doc. 2 Brouillée ?

Brouillée ?

Doc. 3 Modernisée ?

Modernisée ?

Doc. 4 Réelle ?

Réelle ?

Doc. 5 Vertigineuse ?

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L'histoire de la Tour de Babel : interprétations médiévales

Qu'elle dresse sa silhouette imposante au cœur des écritures saintes ou qu'elle trône dans l'imaginaire collectif, la Tour de Babel n'a cessé de captiver et de questionner. De sa genèse biblique à sa profonde empreinte dans la société médiévale, cet article explore les nombreuses faces d'une histoire aussi riche que diversifiée. Ensemble, nous plongerons dans un voyage d'exégèse, de symbolisme et de culture, décryptant les échos de Babel à travers les âges.

Introduction

Origines et récit biblique, le récit de la genèse.

La construction de la Tour Des briques pour pierres et du bitume pour mortier, c'est avec ces matériaux que les hommes d'autrefois voulurent bâtir une tour s'élançant vers les cieux. Dans cet acte, le dessein était clair : faire œuvre commune pour ne pas être dispersés sur la face de la Terre.

La dispersion des peuples Mais vient l'intervention divine : le Seigneur, voyant leurs ambitions, décida de les éparpiller et, ainsi, de frayer le chemin vers la diversité culturelle.

La confusion des langues De Babel naquit la cacophonie linguistique, une humanité désormais riche de mille idiomes, symbolisant à la fois la fracture et la richesse de ses cultures.

Thèmes théologiques et Impact culturel initial

Les leçons théologiques de la Tour sont vastes : l'orgueil humain, la souveraineté divine, mais aussi l'unité perdue et la naissance de la diversité. Ce mythe fondateur a influencé des générations, marquant de son empreinte cultures et croyances premières.

Interprétations médiévales de la Tour de Babel

Exégèses et commentaires bibliques.

Symbolisme religieux Les théologiens du Moyen Âge ont vu dans la Tour un symbole puissant de l'arrogance humaine face au divin, rappelant à l'homme sa place et l'incitant à l'humilité.

Messages moraux et éthiques Le mythe de Babel rappelle le danger de l'hubris et souligne la vertu dans la diversité, prônant un message éthique dans toute entreprise humaine.

La Tour dans l'art et l'iconographie médiévale

Représentations dans les manuscrits Les enluminures médiévales illustrent souvent la Tour de Babel avec une esthétique qui témoigne des préoccupations et de l'imagination de l'époque.

Portée didactique et esthétique L'art médiéval capturait les enseignements bibliques à travers d'envoûtantes représentations pour éduquer autant que pour enchanter le regard.

Parallèles politiques et sociaux

La Tour comme métaphore du pouvoir Fréquemment, la Tour de Babel était utilisée comme une allégorie des monarchies et empires, mettant en garde contre les dérives autoritaires et les tentatives d'unification forcée.

Répercussions sur la gouvernance médiévale Les dirigeants médiévaux ont pu voir en Babel un miroir de leur propre règne, une méditation sur les limites du pouvoir terrestre par rapport à l'autorité céleste.

Influences théologiques et philosophiques

Interprétation dans la scolastique.

Saint Thomas d'Aquin Le célèbre théologien a offert une analyse approfondie sur Babel, liant le récit à des questions de langues, de gouvernance divine et d'unité spirituelle.

Autres théologiens notables D'autres esprits brillants ont également apporté leur contribution, peaufinant la compréhension théologique de ce passage essentiel.

Le mythe de Babel et la quête de la connaissance

Dans cette quête incessante de savoir, Babel a servi de repère pour les philosophes, symbolisant à la fois la limite et l'ambition de la connaissance humaine.

Discussions sur la multiplicité des langues

La diversité des langues issue de Babel a soulevé des questions fondamentales sur la communication, les identités culturelles et le partage du savoir.

Controverses et débats médiévaux autour de Babel

Hérésie et orthodoxie.

Les interprétations variées de l'histoire de Babel ont parfois flirté avec l'hérésie, poussant l'Église à affirmer certaines limites de l'exégèse.

La tour comme symbole des crises de l'église

Les défis et schismes de l'Église ont souvent été reflétés dans l'usage de Babel comme métaphore des divisions au sein même de la foi chrétienne.

Babel dans la littérature médiévale et la poésie

La richesse de Babel a pénétré la littérature et la poésie médiévales, devenant une source d'inspiration pour les récits chevaleresques, les réflexions morales et les allégories.

Héritage post-médiéval de Babel

Renaissance et humanisme.

Avec l'avènement de la Renaissance, Babel a pris une nouvelle signification, intégrant les idéaux humanistes et le nouvel esprit d'enquête et de découverte.

Réinterprétations à l'époque moderne et contemporaine

Dans un monde en constante évolution, Babel continue de stimuler les réinterprétations, tant dans les débats intellectuels que dans les œuvres artistiques.

Synthèse des interprétations médiévales

Les interprétations médiévales de Babel nous offrent un miroir fascinant de l'époque, reflétant les préoccupations spirituelles, sociales et politiques du Moyen Âge.

Impact à long terme sur la culture occidentale

L'onde de choc de Babel a traversé les siècles, laissant une marque indélébile sur notre conception du monde et sur notre imaginaire collectif.

L'actualité de Babel dans les discussions contemporaines

À l'ère de la globalisation et des communications instantanées, Babel demeure étonnamment pertinente, interrogeant notre rapport à la différence et à l'universalité humaine.

Bibliographie

Pour prolonger la réflexion, une liste complète des sources sera partagée, offrant aux curieux et érudits un panorama détaillé des écrits et analyses sur ce récit intemporel.

IMAGES

  1. La Tour de Babel (Hébreu: מגדל בבל‎ Migdal Bavel arabe: برج بابل‎ Burj

    tour de babel en arabe

  2. Découvrez le Sens Caché de la Tour de Babel Dans le Zohar

    tour de babel en arabe

  3. Socialesmercedarias: La Torre de Babel del mundo árabe. 2º-3º-4º ESO

    tour de babel en arabe

  4. La Tour de Babel : architectures

    tour de babel en arabe

  5. Babylone

    tour de babel en arabe

  6. La construction de la Tour de Babel en hébreu : מגדל Migdal בבל‎ بابل

    tour de babel en arabe

VIDEO

  1. La Tour de Babel d'après le Zohar, cours sur texte

  2. Al Andalus / Torre De Babel (En Vivo Desde Buenos Aires / 2015)

  3. 10 La Tour de Babel d'après le Zohar- cours sur texte-

  4. 11 La Tour de Babel d'après le Zohar- cours sur texte-

  5. Au coeur de l'UE, des armées d'interprètes dans l'ombre

  6. La escalofriante verdad de la Torre de Babel (Nimrod, Mesopotamia, Babilonia)

COMMENTS

  1. Tour de Babel

    L'histoire de la tour de Babel (hébreu : מגדל בבל ; Migdal Babel ; en arabe : برج بابل, Burj Babil) est un épisode biblique rapporté dans le Livre de la Genèse Gn 11,1-9, peu après l'épisode du Déluge.. La tour biblique pourrait avoir été inspirée par l'Etemenanki, une ziggurat de sept étages dédiée au dieu Mardouk à Babylone et désignée comme « le temple de la ...

  2. Genèse 11:1-9 BDS

    La tour de Babel. 11 A cette époque-là [], tous les hommes parlaient la même langue et tenaient le même langage. 2 Lors de leurs migrations depuis l'est, ils découvrirent une vaste plaine dans le pays de Shinéar et ils s'y établirent. 3 Ils se dirent les uns aux autres : Allons, moulons des briques et cuisons-les au four. Ainsi ils employèrent les briques comme pierres et le bitume ...

  3. Babylone et l'Islam

    Le thème de la Tour de Babel est aussi présent dans le Coran, mais attribué au pharaon d'Égypte qui souhaite s'élever jusqu'au ciel pour rencontrer le dieu de Moïse. Au IX e siècle, le théologien musulman al-Tabari raconte dans son Histoire des prophètes et des rois, comment Babil (Babylone) fut fondée par le roi Nimrod, qui eut l ...

  4. Genèse 11 SG21;LSG

    La tour de Babel. 11 Toute la terre avait une seule langue et les mêmes mots. 2 Après avoir quitté l'est, ils trouvèrent une plaine dans le pays de Shinear et s'y installèrent. 3 Ils se dirent l'un à l'autre: «Allons! Faisons des briques et cuisons-les au feu!». La brique leur servit de pierre, et le bitume de ciment. 4 Ils dirent ...

  5. Tour de Babel

    L'histoire de la tour de Babel ( hébreu : מגדל בבל ; Migdal Babel ; en arabe : برج بابل, Burj Babil) est un épisode biblique rapporté dans le Livre de la Genèse Gn 11,1-9, peu après l'épisode du Déluge. Faits en bref Épisode du Livre de la Genèse, Titre original ... Tour de Babel. Épisode du Livre de la Genèse.

  6. La tour de Babel

    C'est pourquoi on l'appela du nom de Babel, car c'est là que l'Éternel confondit le langage de toute la terre, et c'est de là que l'Éternel les dispersa sur la face de toute la terre. *L'histoire de la tour de Babel (hébreu : מגדל בבל Migdal Babel, en arabe : برج بابل Burj Babil) est un épisode biblique ...

  7. PDF La Géolinguistique et le récit de la Tour de Babel

    Nimrod. Le rebelle destructeur de la foi Fondateur et Roi de Babel. Recherche du vide Enflement d'orgueil lbb. Après le déluge. Plusieurs continents Un seul peuple. encore reliés entre eux. Une seule langue. Construction de la Tour de Babel. Fondateur du Reiki Premier dictateur.

  8. Qu'est-il arrivé à la Tour de Babel

    Cette tour s'appelle la Tour de Babel. Dieu a réagi en confondant les langues des hommes pour qu'ils ne puissent plus communiquer entre eux (Genèse 11.7). Par conséquent, ils se sont rassemblés par groupe de langue, puis installés ensemble dans d'autres parties du monde (Genèse 11.8-9). Dieu a confondu les langues à la Tour de ...

  9. La tour de Babel : ce que l'archéologie révèle du mythe

    Au-delà de ce mythe de la tour de Babel, la ziggourat de Babylone connut des vicissitudes que n'avait pas prévues Nabuchodonosor II lorsqu'il en paracheva le dernier état. La conquête de l'empire de Babylone par les Perses en 539 av. J.-C. entraîna l'abandon progressif des bâti­ments religieux.

  10. La tour de Babel : signification symbolique, interprétation

    La tour de Babel : signification symbolique. Soucieux d'éviter leur dispersion, les hommes décident de créer une ville-capitale autour d'une tour, laquelle apparaît comme le nouveau centre de l'humanité, voire le centre du monde et de l'univers. En effet, le sommet de cette tour est destiné à « toucher le ciel ».

  11. LES RUINES DE LA TOUR DE BABEL

    LA TOUR DE BABELTour de BabelÉpisode du Livre de la GenèseL'histoire de la tour de Babel (hébreu : מגדל בבל, Migdal Babel ; en arabe : برج بابل, Burj Babil) ...

  12. Le livre de la Genèse : Gn 11 : la Tour de Babel

    Le Livre des Origines : La Tour de BabelGenèse 11,1-32. Le Livre des Origines : La Tour de Babel. Genèse 11,1-32. C'est fini : nous refermons ici le Livre des origines. L'homme et la femme ont été créés, ils ont éprouvé leur frargilité et, simultanément, la présence miséricordieuse de Dieu au coeur même de cette fragilité.

  13. La Tour de Babel

    La tour de Babel dans la Bible. Après le grand Déluge, l'homme avait de nouveau commencé à se multiplier et à remplir la terre. Ils parlaient tous une même langue et se comprenaient bien. Ils décidèrent de construire une tour qui atteindrait le ciel, ferait d'eux l'égal de D.ieu et, en même temps, leur permettrait de demeurer ...

  14. PDF La tour de Babel

    La tour de Babel (Gn 11, 1-9) Toute la terre avait alors la même langue et les mêmes mots. Au cours de leurs déplacements du côté de l'orient, les hommes découvrirent une plaine en Mésopotamie, et s'y établirent. Ils se dirent l'un à l'autre : « Allons ! Fabriquons des briques et mettons-les à cuire ! » . Les

  15. Le mythe de la tour de Babel

    La tour était perçue comme le moyen de relier le ciel, le monde divin, symbolisé par le temple sommital, avec la terre et le monde souterrain dans lequel est ancrée la base de la ziggurat. La ville de Babylone était plurilingue au moment de la construction de la tour, on y parlait l' akkadien, écrit en cunéiforme, mais aussi l ...

  16. La tour de Babel. Groupes et relations ethniques au Moyen-Orient et en

    The Tower of Babel: Ethnic Relations and Conflicts in North Africa and the Middle East. L. Valensi. North Africa and the Middle East have long been areas of great linguistic and religions diversity. This paper explores the different ways in which the social sciences have confronted the problem of ethnicity in this region—from the invention of "natural" groups to account for dominated ...

  17. PDF Traduire

    Les tours de Babel : comment le mythe se fait image À la confusion des langues de l'« internationale antique » que pourrait être la tour de Babel, confrontez La Tour de Vladimir Tatline (image 2), datant de 1919. Cette œuvre est la maquette d'un édifice qui devait atteindre 400mètres de hauteur (la

  18. PDF LE MYTHE DE LA TOUR DE BABEL Échos contemporains du récit biblique

    De même en fig 14, du même peintre, Lukas Valckenborch. En fig 15, une représentation également intéressante, qui est aussi de Brueghel, dite la « petite » Tour de Babel. Elle sera reprise au XXe siècle. Fig 13 et 14 : Lukas Valckenborch Deux Tours de Babel (fig 13 ; 1594) Fig 15 : Pieter Brueghel l'Ancien La petite Tour de Babel

  19. FrWiki > Tour de Babel

    L'histoire de la tour de Babel (hébreu : מגדל בבל, Migdal Babel ; en arabe : برج بابل, Burj Babil) est un épisode biblique rapporté dans le Livre de la Genèse Gn 11,1-9, peu après l'épisode du Déluge.. La tour biblique pourrait avoir été inspirée par l' Etemenanki, une ziggurat de sept étages dédiée au dieu Mardouk à Babylone et désignée comme « le temple de la ...

  20. Le mythe de la tour de Babel

    Retrouvez la leçon et de nombreuses autres ressources sur la page Le mythe de la tour de Babel. ... Éric de Ville, La tour de Bruxelles en automne, 2009, photographie. ... 2010, hauteur 828 m (Dubaï, Émirats arabes unis). Ressource affichée de l'autre côté. Faites défiler pour voir la suite.

  21. Tour de Babel

    Porte d'Ishtar est située à 640 mètres au nord-est de Tour de Babel. Localités dans la même zone. Hilla. Photo : Wikimedia, CC BY 3.0. Al-Hilla, également écrit Hilla, Al-Ḩillah ou Hillah, est une ville du centre de l' Irak, située sur l' Euphrate, à 100 km au sud de Bagdad. ... Turmbau zu Babel; arabe : ...

  22. L'histoire de la Tour de Babel : interprétations médiévales

    Qu'elle dresse sa silhouette imposante au cœur des écritures saintes ou qu'elle trône dans l'imaginaire collectif, la Tour de Babel n'a cessé de captiver et de questionner. De sa genèse biblique à sa profonde empreinte dans la société médiévale, cet article explore les nombreuses faces d'une histoire aussi riche que diversifiée. Ensemble, nous plongerons dans un voyage d'exégèse ...

  23. « La Grande Tour de Babel » de Brueghel l'Ancien

    Signé Pieter Bruegel l'Ancien (1525-1569), l'un des plus grands maîtres de la Renaissance flamande, ce tableau - ancêtre génial du surréalisme et de la fantasy - aspire le regard qui se retrouve happé par la profusion de détails finement ciselés d'une tour en construction, dotée d'une architecture absurde et fantastique en forme de spirale : la tour de Babel, bâtiment ...